Christian Schneiter; Amis du musée de la Nature du Valais ; Marco Gentinetta (* 1956)


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Jean-Claude Praz et équipe du Musée de la Nature, 2005 :

Franz, le mulet au service de l'armée suisse: Franz voit le jour le 24 juin 1990 à Gampel, dans l'élevage de M. Marco Gentinetta. Franz est un mulet noir, plus précisément décrit comme "dunkelbraun" dans son livret de service de l'armée suisse. Il mesure 148 cm au garrot. Comme tous les chevaux de l'armée, il porte à l'encolure un tatouage: 1 M 94. Le dernier chiffre rappelle que Franz a effectué son Ecole de Recrue en 1994 à Lutzensteig : 119 jours au compteur. Puis Franz sert l'armée jusqu’en 2001, date de son dernier "cours de répétition". Au total, l'équidé aura consacré 293 jours de sa vie au service de la défense nationale. Son livret de service nous renseigne sur les bobos dont il souffrait à l'entrée et à la sortie de ses cours de répétition annuels. En 1994 : éraflure au rein gauche et blessure de sangle aux deux épaules ; en 2001, boiterie au postérieur droit et plaie due à une morsure au cou à droite. Rien de grave en somme. Dans l'armée suisse, les mulets étaient plus que bien traités : ils étaient choyés comme des princes par les soldats du train. En parallèle à sa carrière militaire, Franz a eu une vie bien remplie. Il participe à des trekkings. par exemple, portant le bât, il franchit 20 cols des Alpes en été 2000, du Grand-Saint-Bernard au Gothard. Mulet festif, Franz transporte une mariée lors d'un mariage à Saas-Fee où tous les invités étaient en costume 1900, y compris les musiciens. Franz passe son dernière été à Anzère. Les Amis du Musée de la Nature l'acquièrent en 2004, lorsque sa carrière militaire se termine. Il a été naturalisé par Christian Schneiter, taxidermiste à Vicques. L'histoire du mulet: Le mulet est issu de l'hybridation d'une jument et d'un âne. Cette hybridation devient possible lorsque les chevaux entrent en contact avec les ânes, déjà domestiqués en Egypte et au Proche-Orient (Iraq) vers 3500 av. J.-C. Par leurs grande qualités de résistance, frugalité, calme et force, ces hybrides deviennent de véritables auxiliaires pour les travaux dans les régions accidentées. En Mésopotamie, au IIe millénaire avant J.-C., apparaissent les premier mulets désignés par un nom particulier (anesuan). Plusieurs figurations, datées de 1500 ans avant J.-C., attestent sa présente en Egypte alors qu'on en trouve d'autres en Iraq vers 700 ans avant J.-C.. L'ancien Testament le mentionne dix fois. Plus tard, les mulets sont élevés en Grèce, puis dans les Balkans, en Italie du Sud, en France, en Espagne, ... On sait par les textes qu'au 5e siècle avant J.-C., en Grèce, les mulets étaient harnachés, que les Romains les utilisèrent beaucoup. En Valais, des ossements d'équidés de la fin du Second Age du Fer (La Tène) pourraient provenir de mulets. Le site romain de Martigny en a également livré quelques restes. L'animal de tous les transports: Le mulet a le pied sûr, il est insensible au vertige et il sait se déplacer sur les sentiers étroits. Il est de bonne volonté, infatigable et endurant. Il possède plus de sang-froid, de présence d'esprit et par conséquent une puissance d'attention plus développée que celle du cheval. Il ne s'effraie pas facilement, ne s'affole pas davantage. On dit qu'un mulet ne tombe pas mais qu'il se met en bas, le plus souvent sans le blesser. Il est débrouillard par nature. Il est capable de parcourir 20 à 30 km par jour sous une charge de 100 à 120 kg. Parfois, sa valeur à la foire atteignait parfois le double de celle du cheval. En Valais, le mulet a été l'animal de tous les transports, comme animal de trait mais surtout comme animal de bât. On en mentionne toujours plus de 2500 dans les statistiques cantonales de 1876 à 1945. On en compte même 2721 en 1926. Par la suite, leur nombre ne cessera de diminuer : 970 (1956), 359 (1966), 118 (1978), 70 (2004). Les tracteurs, les véhicules utilitaires et les hélicoptères l'ont remplacé progressivement.