Costume de petite fille / robe


Picture

Thomas Antonietti, 2013 :

[NB: notice identique pour le chapeau (MV 11402), la robe (MV 11403) et le caraco (MV 11404)] Ce costume de petite fille a été porté par Monique Sierro, née en 1938 à Hérémence. Il est caractéristique du costume de ce village au milieu du XXe siècle: une robe plissée sans manches avec sur le bas une étoffe bleu foncé et sur le haut un tissu à carreaux agrémenté de bordures de velours, une veste courte bleu foncé à bordures de velours noir ainsi qu’un chapeau de paille garni de rubans. Il manque toutefois un élément important: le tablier. Le costume de Monique Sierro permet d’illustrer une période de transition importante dans l’histoire du costume valaisan. En effet, ce vêtement quotidien à caractéristiques locales est devenu un costume chargé d’une forte valeur symbolique. À travers les comportements vestimentaires de la famille Sierro, nous pouvons lire le changement de signification du costume dans la culture valaisanne du XXe siècle: dans une première phase, ce vêtement du quotidien rural est perçu négativement, y compris par les femmes qui le portent. Elles y voient un vêtement désuet, arriéré, qu’elles remplacent, dès qu’elles en ont l’occasion, par des vêtements plus modernes. En parallèle, un processus de valorisation du costume se développe. Il aboutit plus tard à sa réappropriation par les populations de montagne elles-mêmes. La prise de distance avec un mode de vie rustique, ainsi qu’un nouveau contexte économique en ont fait un vêtement estimé. Les souvenirs de la donatrice, qui a porté ce costume durant son enfance, nous éclairent sur le déroulement du processus décrit ci-dessus. En 1946, la famille Sierro quitte Hérémence pour s’installer à Sion. Monique, alors âgée de 8 ans, vit un véritable renversement de valeurs à travers les vêtements qu’elle porte: « Quand on est descendu à Sion, les premières années, à l’école, c’était dur pour moi, pour ma sœur aussi. On n’avait pas d’habit de la ville. Et on se sentait un peu à l’écart, parce qu’on se moquait de nous. » C’est encore plus visible dans les habitudes vestimentaires de la mère de Monique, Rosalie Sierre-Dayer, née en 1910 à Hérémence. Dans son village, Rosalie porte l’habit traditionnel local chaque jour de la semaine, y compris le dimanche, en l’adaptant aux circonstances. Après le déménagement de la famille à Sion en 1946, elle conserve dans un premier temps cette habitude, pour ensuite ne porter l’habit traditionnel à l’église le dimanche et lors des visites dans son village. En 1950, la famille déménage une seconde fois, quittant la vieille ville pour l’avenue de Lausanne, située dans un quartier plus moderne. À partir de ce moment, Rosalie cesse de porter son blansè, sauf pour des occasions particulières, comme la procession de la Fête-Dieu ou dans le cadre familial, notamment à la demande de son petit-fils pour son mariage en 1995. Sa fille résume bien les sentiments de sa mère durant cette période à Sion: « Elle se sentait un peu gênée de mettre ce costume et elle a commencé à mettre des habits de la ville. Elle ne voulait plus le porter, parce qu’elle ne se sentait pas bien dedans, en ville. » L’incompatibilité entre la mode et le costume évoqué ici est le résultat d’un processus qui débute dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et qui a engendré des formes, des couleurs et des éléments de costumes spécifiques selon les régions. Ce mouvement de régionalisation continue au XIXe siècle. Parallèlement à la mode qui suit les tendances internationales, un style vestimentaire plutôt rural, villageois, prend forme. Il ne participe que partiellement aux évolutions de la mode et constitue la base du costume régional pour beaucoup de communes. Notons aussi que dans certaines régions – c’est le cas du val d’Hérens ou du Lötschental en Valais – toute une frange de la population porte encore à cette période les vêtements de style Ancien Régime pour des raisons économiques, et il en est ainsi jusque tard dans le XIXe siècle. Les divergences vestimentaires qui se forment entre la ville et la campagne sont liées à des développements économiques distincts. L’élite européenne, prenant goût au voyage, va également jouer un rôle dans ce mécanisme. Cette classe sociale considère que les mœurs vestimentaires des indigènes sont authentiques. Cette valorisation encourage les indigènes à développer un style vestimentaire qui se distancie de la mode urbaine et à renforcer leurs spécificités. Parallèlement à la disparition du costume paysan au XIXe siècle, les différentes régions vont développer ou faire évoluer les caractéristiques de leurs costumes et les rendre ainsi de plus en plus particulières. La relation entre les populations et leur costume a sans doute été influencée par le regard de personnes extérieures. Les intellectuels et les artistes ont joué un rôle considérable dans ce cadre, en s’intéressant davantage à l’usage symbolique du vêtement qu’à sa représentation exacte. Au XXe siècle, différents groupes se réapproprient cette interprétation et l’utilisent selon leurs intérêts: le costume comme symbole de la stabilité, le vêtement à forte valeur éthique, l’outil pour contrer la mode, l’emblème de l’identité helvétique… Les années1920 et1930 sont intenses sur le plan du renouvellement du costume ainsi que des soins qui l’entourent. À cette même période, le « costume » est au cœur des débats, non seulement pour des questions esthétiques, mais aussi pour des questions de politiques sociales. Avec ses interventions de 1933 et de 1934 au Parlement valaisan, le préfet et député Prosper Thomas de Saxon fait entrer le costume au sein des préoccupations publiques officielles. Ce nouveau statut débouche sur la création de la Fédération valaisanne des costumes, qui reçoit l’appui de l’État. Prosper Thomas en devient le premier président. En outre, plusieurs associations locales de costumes se forment durant les années 1930 et le costume devient l’incarnation de la tradition ainsi qu’un élément constitutif du folklore au cœur d’un Valais qui se modernise de façon accélérée. "Costume de fille", in: Elsig Patrick, Morand Marie Claude (sous la dir.), Le Musée d’histoire du Valais, Sion. Collectionner au cœur des Alpes, Sion: Musée d’histoire/Paris: Somogy Ed. d’Art, 2013, pp. 244-247.


Thomas Antonietti, 2013 :

[NB: gleiche Notiz für den Hut (MV 11402), den Rock (MV 11403) und die Jacke (MV 11404)] Das Kleid, bestehend aus Rock, Jacke und Hut, zeigt charakteristische Merkmale einer Tracht von Hérémence um die Mitte des 20. Jahrhunderts: Ärmelloser, gefalteter Rock mit einem Jupeteil aus dunkelblauem und einem Mieder aus kariertem Stoff sowie mit schwarzen Samtbordüren; kurze Jacke aus dunkelblauem Stoff mit schwarzen Samtbordüren; Strohhut mit Bandgarnituren. Die Zierschürze als weiteres wichtiges Element fehlt. Getragen wurde das Kleid von Monique Sierro, geboren 1938 in Hérémence. Die Mädchentracht von Monique Sierro illustriert eine wichtige Übergangsphase der Walliser Trachtengeschichte: Aus einem lokal gefärbten Alltagskleid wird ein besonderes Kleid von hohem symbolischem Wert. Die Geschichte des Bekleidungsverhaltens der Familie Sierro illustriert beispielhaft diese wechselnde Bedeutung der Tracht in der Walliser Symbolkultur des 20. Jahrhunderts: In einer ersten Phase wird das bäuerliche Alltagskleid von den Trägerinnen selber als Zeichen der Rückständigkeit angesehen und deshalb durch modische Kleider ersetzt, sobald sich die Gelegenheit dazu bietet. Gleichzeitig setzt ein ideologisch motivierter Valorisierungsprozess ein, der das traditionelle Kleid mit bestimmten gesellschaftlichen Werten auflädt, die im Laufe der Zeit von der Bergbevölkerung aufgenommen werden. Die Distanz zum bäuerlichen Leben und ein neues wirtschaftliches Umfeld erlauben es nun, das einst ungeliebte Kleid zu schätzen und in einer neuen Art zu tragen. Wie dieser Prozess konkret ablief, erhellt ein Gespräch mit der damaligen Trägerin des dem Museum geschenkten Mädchenkleids, Monique Zuchuat-Sierro. 1946, anlässlich des Umzugs der Familie Sierro von Hérémence nach Sitten, erlebt die damals achtjährige Monique die situationsbedingte Umwertung des Kleids am eigenen Leibe: „Als wir nach Sitten herunterkamen, war dies in den ersten Jahren, in der Schule, für mich und meine Schwester ziemlich schwer. Wir hatten keine städtischen Kleider. Und wir fühlten uns als Außenseiter, da man sich über uns lustig machte." Noch deutlicher sichtbar wird dieser Wandel am Bekleidungsverhalten der Mutter von Monique Sierro, der 1910 geborenen Rosalie Sierro-Dayer. In Hérémence, wo sie geboren und aufgewachsen ist, trägt Rosalie Sierro das lokale traditionelle Kleid in all seinen Varianten, und zwar sonntags wie werktags. Nach dem Umzug der Familie nach Sitten im Jahre 1946 kleidet sie sich anfänglich werktags im ortstypischen Kleid von Hérémence. Doch schon bald trägt sie den blandsènur mehr zum sonntäglichen Messgang sowie anlässlich ihrer Besuche in Hérémence. Um 1950 zieht dann die Familie von der Sittener Altstadt in ein neues Wohnquartier an der Avenue de France in Sitten. Von nun an trägt Rosalie Sierro das Trachtenkleid ausschließlich zu außerordentlichen Anlässen wie Fronleichnamsprozessionen oder wichtigen Familientreffen (ein letztes Mal 1995 zur Hochzeit eines Enkels auf dessen ausdrücklichen Wunsch). „Sie hatte Hemmungen, die Tracht zu tragen, und begann dann, städtische Kleider zu tragen. Sie wollte die Tracht nicht mehr tragen, da sie sich in der Stadt in diesem Kleid unwohl fühlte.“ Die Unvereinbarkeit zwischen Mode und Tracht, wie sie hier anklingt, ist das Resultat eines Prozesses, der in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts einsetzt und der zu regionalen Sonderentwicklungen bestimmter Bekleidungsformen führt. Dieser Regionalisierungsprozess setzt sich im 19. Jahrhundert fort. Neben einer städtischen Mode, die den internationalen Modetrends folgt, bildet sich nun ein dörflich-ländlicher Kleiderstil heraus, der die Modeentwicklung nur teilweise mitmacht und mancherorts zu einer regionalen Tracht mutiert. Als Begleiterscheinung dieser Entwicklung vermag sich der Kleiderstil des Ancien Régime an bestimmten Orten – im Wallis etwa im Val d’Hérens oder im Lötschental – bis weit ins 19. Jahrhundert hinein zu halten. Die Herausbildung verschiedener Kleiderstile in der Stadt und auf dem Land dürfte ihren Grund nicht zuletzt in ungleichen ökonomischen Entwicklungen finden. Ebenfalls eine Rolle spielt die zunehmende Reisetätigkeit der europäischen Eliten. Die rückständigen Kleidersitten fallen auf und werden als eigentümlich oder typisch wahrgenommen und beschrieben. Die dadurch erzeugte Aufwertung bestärkt die Einheimischen in ihrer Eigenart und fördert die weitere Ausgestaltung der von der Mode abweichenden Kleiderteile. Neben dem Verschwinden bäuerlicher Trachten kennt deshalb das 19. Jahrhundert an einzelnen Orten auch eine Neu- oder Weiterentwicklung regionaler Kleiderformen. Eine wichtige Rolle spielt also die zunehmende Aufmerksamkeit, die den lokalgefärbten Kleidungen von außenstehenden Beobachtern – namentlich von Künstlern und Intellektuellen – zuteil wird. Dabei geht es weniger um eine exakte Darstellung des Kleids als vielmehr um die symbolische Nutzung von dessen Bedeutungskraft. Diese willkürliche Sinngebung wird im 20. Jahrhundert von wechselnden Interessengruppen aufgenommen, variiert und weitergetragen: Die Tracht als das Unwandelbare, als Kleid mit einem höheren ethischen Wert, als Argument im Kampf gegen neue Moden, als Kleid der Heimat, als Zeichen patriotischer Gesinnung ... Vor allem die 1920er und 1930er Jahre sind eine Zeit der intensiven Trachtenerneuerung und Trachtenpflege. Gleichzeitig wird „Tracht“ in jenen Jahren zum Schauplatz erhitzter Diskussionen, wobei es nicht nur um Mode- und Stilfragen geht, sondern auch um grundlegende gesellschaftspolitische Auseinadersetzungen. 1933 und 1934 macht Präfekt und Großrat Prosper Thomas aus Saxon mit Motionen im Walliser Kantonsparlament die Trachtenfrage zu einem offiziellen politischen Anliegen. 1937 kommt es schließlich zur Gründung der Walliser Trachtenvereinigung, mit staatsrätlicher Unterstützung und Prosper Thomas als erstem Präsidenten. Die 1930er Jahre sehen im Wallis überdies die Gründung mehrerer lokaler Trachtenvereine. Nun wird Tracht zum Inbegriff von Tradition und damit zum folkloristischen Versatzstück in einem sich rasch modernisierenden Wallis. "Mädchentracht", in: Elsig Patrick, Morand Marie Claude (Hrsg.), Das Geschichtsmuseum Wallis, Sitten. Sammeln inmitten der Alpen, Sitten: Geschichtsmuseum Wallis/Paris: Somogy Ed. d’Art, 2013, S. 244-247.


Thomas Antonietti, 2013 :

[NB: same note for the hat (MV 11402), the dress (MV 11403) and the jacket (MV 11404)] This girl’s costume was worn by Monique Sierro, born in 1938 in Hérémence. It is typical of the type of costume worn in this village at the middle of the 20th century: a sleeveless, pleated dress of darkblue fabric at the bottom and, at the top, a plaid fabric with velvet trim, a short dark-blue jacket with black velvet trim and a straw hat with ribbons. The apron, an important accessory, is lacking here. Monique Sierro’s costume illustrates an important transitional period in the history of Valais costume. Worn every day, it displays local characteristics and has become endowed with considerable symbolic value. Through the clothing practices of the Sierro family we can see the change in meaning of the costume in the folk culture of the Valais of the 20th century. During a first phase, this everyday country costume was perceived negatively, even by the women who wore it. They considered it oldfashioned and backwards, and they took the first opportunity to buy more modern clothing. At the same time, a re-evaluation of the costume came into play, eventually culminating in a re-approriation of traditions by the mountain populations themselves. With the distance gained to the rural lifestyle of the past and the new economic context it has become a valued cultural object; wearing it is regarded as an art and there are rules on how the costume is to be worn. The memories of the donor, who wore this costume in her childhood, help us understand how the process outlined above took place. In 1946, the Sierro family left Hérémence for Sion. Monique, who was eight at the time, experienced a veritable reversal in values through the clothing she wore: “When we went down to Sion, it was hard for me and for my sister in the first years at school. We did not have any city clothes, and so we felt somewhat left out, because people sometimes made fun of us”. This transition is even more evident in the case of the clothing habits of Monique’s mother, Rosalie Sierre-Dayer, born in 1910 in Hérémence. In her village, Rosalie wore the traditional costume every day of the week, including on Sundays, adapting it to the circumstances. After the family moved to Sion in 1946, she maintained this habit at first, but eventually wore her costume only to church on Sundays and when she visited her village. In 1950, the family moved again, leaving the old section of the city for a more modern neighbourhood in the Avenue de Lausanne. From then on, Rosalie stopped wearing her blansèand kept it for special occasions, such as the feast of Corpus-Christi or family celebrations, and at her grandson’s wedding in 1995 (at his request). Her daughter expressed her mother’s feelings during this period in Sion: “She felt a little embarrassed to wear this costume and she started wearing city clothes. She did not want to wear it anymore, because she did not feel good in it when she went out”. The incompatibility between fashions and the costume in question was the result of a process that began in the second half of the 18th century and that led to the creation of costume designs with colours and accessories that were specific to each region. This regional movement continued throughout the 19th century. At the same time as mainstream fashions were following the international tendencies, a rural, country style of dress also came into being. It was affected only marginally by changes in fashion and constituted the basics of the regional costume in many townships. In certain regions, such as the Val d’Hérens and the Lötschental in Valais, a section of the population still wore clothing that dated from the Ancien Regime – primarily for reasons of economy – until late in the 19th century. The discrepancies in clothing between town and country were linked to specific economic developments. The European elite adopted a taste for travel and also played a role in this process, considering the clothing of country people to be authentic. This rise in appreciation encouraged people in the rural areas to develop a style of costume that distanced itself from urban fashions and asserted its own specificity. At the same time as peasant costumes were going out of style during the 19th century, the various regions developed or evolved the details of their own costumes and particularized them. The relationship between the populations and their costumes was probably influenced by the gaze of outsiders as well. Intellectuals and artists played a major role in this respect, as they took more interest in the symbolic use of the costume than in its exact representation. In the 20th century, various groups appropriated this interpretation and used it for their own purposes: the costume as a symbol of stability, clothing with a strong ethical value, an emblem of Helvetian identity. The 1920s and 30s experienced a major renewal of the costume and the attention that was given to it. During this same period the “costume” was a subject of controversy, not just because of aesthetic considerations, but also for reasons of social policy. With his speeches before the Parliament of Valais in 1933 and 1934, the prefect and delegate Prosper Thomas de Saxon put the issue of the costume at the focus of official public concerns. This new status led to the creation of the Fédération Valaisanne des Costumes, which benefited from State support. Prosper Thomas became its first president. In addition to this, local costume clubs were created in the 30s and the costume became the embodiment of tradition, as well as a basic element of folklore in a Valais that was modernizing at full speed. "Young Woman’s Costum", in: Elsig Patrick, Morand Marie Claude (Ed.), History Museum of Valais, Sion. Collecting in the heart of the Alps, Sion: Musée d’histoire/Paris: Somogy Ed. d’Art, 2013, pp. 244-247.