Marguerite Burnat-Provins (1872 - 1952, peintre, écrivaine, illustratrice, décoratrice)
Femme à la feuille de courge / Frau mit Kürbisblatt / Woman with a Pumpkin Leaf


Picture

Muriel Eschmann Richon, 2012 :

Marguerite Burnat-Provins (1872-1952), Femme à la feuille de courge, s.d. (1902), fusain, pastel, craie, aquarelle et gouache sur papier de couleur brun, 52.5 x 49.5 cm, Musée d'art du Valais, Sion, inv. BA D 725, achat en 1970 La Femme à la feuille de courge a été réalisée en 1902, alors que Marguerite Burnat-Provins séjourne régulièrement à Savièse. De cette période, nous connaissons une production extrêmement riche et variée : des portraits dans le style Art nouveau et des compositions ornementales où le végétal se retrouve de façon récurrente, mais aussi de grandes représentations, réalistes ou symbolisantes, de figures féminines, souvent attelées à des travaux domestiques. Participant de près ou de loin à toutes ces catégories, la Femme à la feuille de courge est une composition décorative (l'artiste a inscrit au verso du dessin : « Etude d'après des feuilles de courges pour panneaux décoratifs (1) » ), qui allie un motif végétal et une image de la femme fortement assimilée à la nature. Vue de dos, enveloppée d'une feuille recroquevillée, la Femme à la feuille de courge échappe à toute identification précise. Une nuque dont le mouvement indique un regard tourné vers le sol, une chevelure rousse remontée en chignon, ainsi que l'esquisse d'un pied et d'une main fine et élégante représentent les seuls éléments visibles d'une femme dont la feuille semble constituer tout à la fois le corps et l'habillement. L'utilisation du motif végétal, courante dans l'Art nouveau, prend ici toute son ampleur et fait de ce dessin un chef-d’œuvre du mouvement. Travaillée de façon à la fois réaliste et décorative, la feuille de courge s'adapte à la morphologie du personnage. La nervure centrale du végétal figure l'épine dorsale de la femme et la partie principale de la feuille le corps du vêtement qui s'évase élégamment au contact du sol, alors que les nervures secondaires s'adaptent délicatement aux épaules du personnage pour constituer ensuite de larges manches bouffantes. La feuille insuffle à l'œuvre un mouvement accentué par quelques traits de fusain. La figure se détache sur un fond laissé nu, à l'exception d'une mince aura sombre autour du bras gauche du personnage et d'un gris-bleu clair dans la partie inférieure, ainsi que d'une touche solaire dont la couleur attire d'autant plus le regard que le reste du dessin est un jeu de tons sombres et froids. La Nature constitue le grand modèle d'une artiste fuyant « l'entassement noir des villes (2) » à l'heure d'une modernisation galopante. Ici enveloppante et protectrice, elle entoure de sa bienveillance cette femme qui se dérobe à notre vue comme à une menace mystérieuse à laquelle elle semble vouloir échapper. Se refusant à regarder le rayon de lumière, la figure se condamne à une solitude qui ne fut pas étrangère à Marguerite Burnat-Provins et qui sera illustrée de manière poignante dès 1914 dans la longue série intitulée Ma Ville, issue des visions de l'artiste. 1) Il existe une autre étude du même sujet : Etude d'après des feuilles de courge pour un panneau décoratif, 1902, pastel sur papier de couleur, 56 x 50 cm, collection privée. A notre connaissance, ces études n’ont pas abouti à une réalisation. 2) Marguerite Burnat-Provins, «L’homme qui chantait», in Petits tableaux valaisans, Vevey, 1903, pp. 121–122. in: “Marguerite Burnat-Provins, Femme à la feuille de courge, s.d. (1902)”, in L’Ecole de Savièse. Une colonie d’artistes au coeur des Alpes vers 1900, dir. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sion : Musée d’art du Valais, 2012, pp. 252-253. --- Marguerite Burnat-Provins (1872–1952), Frau mit Kürbisblatt, o. D. (1902), Kohle, Pastell, Kreide, Aquarell und Gouache auf braunem Papier, 52,5 × 49,5 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA D 725, Ankauf 1970 Die Frau mit Kürbisblatt entstand 1902, zu einer Zeit, als sich Marguerite Burnat-Provins regelmässig in Savièse aufhielt. Ihre Produktion aus dieser Periode ist äusserst reich und vielfältig: Porträts im Jugendstil und ornamentale Kompositionen, in denen immer wieder Pflanzen vorkommen, aber auch grosse realistische oder symbolisierende Darstellungen von Frauenfiguren, oftmals bei der häuslichen Arbeit. Die dekorative Komposition Die Frau mit Kürbisblatt gehört mehr oder weniger all diesen Kategorien an (die Künstlerin schrieb auf die Rückseite der Zeichnung: «Studie nach Kürbisblättern für dekorative Tafeln»(1)); es vereint ein pflanzliches Motiv mit dem Bild einer stark der Natur angeglichenen Frau. Die von hinten gezeigte, in ein eingerolltes Blatt gehüllte Frau entzieht sich einer genauen Identifikation. Die Haltung des Nackens verrät einen auf den Boden gerichteten Blick. Die roten Haare sind zu einem Knoten hochgesteckt. Die Skizze eines Fusses und einer feinen, eleganten Hand, das ist alles, was von dieser Frau sichtbar ist. Das Blatt scheint ihr gleichzeitig Körper und Kleidung zu sein. Die im Jugendstil häufige Verwendung von Pflanzenmotiven nimmt hier ein solches Ausmass an, dass die Zeichnung zu einem Meisterwerk dieser Strömung wird. Das sowohl realistisch als auch dekorativ gearbeitete Kürbisblatt passt sich der Morphologie der Figur an. Die zentrale Blattrippe stellt das Rückgrat der Frau dar und der Grossteil des Blattes das Kleid, das sich, wo es den Boden berührt, elegant ausbreitet, während sich die seitlichen Blattrippen sanft den Schultern der Figur anpassen und weite Puffärmel bilden. Das Blatt haucht dem Werk eine Bewegung ein, die durch einige Kohlestriche noch betont wird. Die Figur hebt sich von einem leer gelassenen Hintergrund ab, abgesehen von einer feinen dunklen Aura um den linken Arm, von einem hellen Blaugrau im unteren Teil sowie vom aufgesetzten Sonnenlicht, dessen Farbe den Blick umso mehr anzieht, als der Rest der Zeichnung ein Spiel dunkler und kalter Farbtöne ist. Die Natur ist das grosse Vorbild für eine Künstlerin, die in einer Zeit der rasenden Modernisierung vor «den schwarz aufgetürmten Städten» flieht(2). Schützend und wohlwollend umgibt die Natur hier diese Frau, die sich unserem Blick entzieht wie einer mysteriösen Bedrohung, vor der sie fliehen möchte. Indem sie sich weigert, den Lichtstrahl anzusehen, verurteilt sich die Figur zu einer Einsamkeit, die Marguerite Burnat-Provins nicht fremd war. Ab 1914 illustrierte sie diese, basierend auf ihren Visionen, in einer langen, qualvollen Reihe mit dem Titel Meine Stadt. 1) Es gibt eine weitere Studie des selben Motivs: Studie nach Kürbisblättern für eine dekorative Tafel, 1902, Pastell auf farbigem Papier, 56 × 50 cm, Privatsammlung. Unseres Wissens haben diese Studien zu keiner Realisierung geführt. 2) Marguerite Burnat-Provins, «L’homme qui chantait», in: Petits tableaux valaisans, Vevey, 1903, S. 121–122. in: “Marguerite Burnat-Provins, Frau mit Kürbisblatt, undatiert (1902)” in Die Schule von Savièse. Eine Künstlerkolonie in den Alpen um 1900, Leit. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sitten : Kunstmuseum Wallis, 2012, S. 252.