Maître de Guillaume de Rarogne
Coffret-reliquaire / martyre de saint Maurice et de la légion thébaine


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Marie Claude Morand et Claude Veuillet, 2013 :

Système constructif du coffret : la face, le dos et le fond de la caisse, monoxyles, ont été débités par fendage. Le couvercle est constitué par un dessus de forme bombée taillé à l’herminette et par deux côtés en demi-lune rapportés. Il s’articule à la caisse à l’aide de deux pentures et ferme grâce à une serrure à bosse comportant un verrou à moraillon. Les deux anneaux fixés sur le haut du couvercle recevaient une poignée. Tous les assemblages de la caisse et du couvercle sont à platsjoints cloués. Ils sont renforcés par des ferrures qui ont principalement un rôle décoratif. L’état des surfaces du bois à l’intérieur du coffret n’a pas été affiné (traces d’outils, arrachages). L’étanchéité des joints est assurée par la pose d’une toile (marouflage). Les quatre pieds pénètrent à l’intérieur du coffret, ils sont cloués aux côtés. Un casier à couvercle a été ménagé sur le côté gauche. Plusieurs couches de préparation ont été nécessaires pour rendre le coffret apte à recevoir son décor peint, notamment sur le couvercle et aux assemblages. À l’intérieur, ce décor est un semis d’étoiles blanc et orange sur fond rouge-brun. Le casier porte ce même décor à l’extérieur alors qu’ouvert il se présente en blanc, les coins soulignés par une bordure triangulaire d’oves orange. Les scènes narratives sont peintes sur la face et les côtés du coffret, alors que le couvercle et le dos ont reçu un décor de motifs végétaux à fleurs bleues cruciformes stylisées. En tout quatre scènes de décollation sur fond de prairie arborisée se répartissent la surface disponible, le tout organisé de manière assez symétrique, voire répétitive. Rien dans la tenue des martyrs ou des bourreaux n’indique clairement une relation avec saint Maurice ou la Légion thébaine. Seuls indices possibles, les jambes des deux martyrs de la face du coffret qui sont recouvertes d’une armure, ce qui les désigne en tant que guerriers. Le « guerrier » de gauche est vêtu distinctement des autres, d’une tunique rose au lieu de la tunique verte commune aux trois autres martyrs : le chef ? Saint Maurice ? L’identification du coffret-reliquaire comme étant celui de saint Maurice et de la Légion thébaine repose donc uniquement sur la teneur de l’inscription au registre d’entrée du musée au moment du dépôt de l’objet par le Chapitre cathédral de Sion. Et le prélèvement des reliques des coffrets effectué au début du XXe siècle sans noter leur provenance n’arrange pas nos affaires. L’analyse de la technique picturale réalisée par les restauratrices Madeleine Meyer-de Weck et Gisèle Carron en avril 2002 conclut à des similitudes avec celle du peintre de l’Adoration des Mages conservée dans le choeur de l’église de Valère et commanditée par le chanoine Henri Asperlin sans doute après son élection en 1437 comme doyen de Valère. Ce maître travaillant dans un style du Haut-Rhin a été reconnu par Anne-Catherine Fontannaz-Fumeaux en 1993 comme l’auteur des peintures murales de la chapelle de Sankt-German et du missel de Guillaume de Rarogne. Cependant, si la technique est semblable, témoignant d’un langage commun, la maîtrise n’est pas la même. Le coffret est plus grossier, sommaire même, au point qu’il est difficile d’y voir la main du maître lui-même. Ainsi, il se rattache plutôt à l’atelier dudit peintre, hypothèse qui correspondrait assez aux usages de répartition des tâches en vigueur au Moyen Âge dans les ateliers de peinture. "Coffret-reliquaire du martyre de saint Maurice", in: Elsig Patrick, Morand Marie Claude (sous la dir.), Le Musée d’histoire du Valais, Sion. Collectionner au cœur des Alpes, Sion: Musée d’histoire/Paris: Somogy Ed. d’Art, 2013, pp. 142-143.


Marie Claude Morand und Claude Veuillet, 2013 :

Kastenkonstruktion: Die Haupt-, Rück- und Unterseite des Kastens sind aus einem einzigen Werkblock gehauen. Der Deckel besteht aus einem gewölbten, mit dem Querbeil gearbeiteten Oberteil und zwei halbkreisförmigen Seitenwänden und ist mit zwei Bandscharnieren mit dem Kastenkörper verbunden. Ein kastenförmiges Schloss mit Überfalle schliesst den Kasten. An den zwei Ringen der Deckeloberseite war ursprünglich ein Griff befestigt. Die Holzverbindungen erfolgen durch stumpfen Stoß und sind mit Nägeln gesichert. Die in erster Linie dekorativen Beschläge stärken die Verbindungen zusätzlich. Die Holzoberflächen im Kasteninneren sind nicht fein ausgearbeitet und weisen klare Ausriss- und Werkzeugspuren auf. Ein Leinwandüberzug dichtet die Holzverbindungen ab. Die vier Füße dringen in das Kasteninnere ein und sind seitlich vernagelt. Im Inneren befindet sich linksseitig eine Beilade mit Deckel. Für die in Tempera ausgeführte Malerei waren mehrere Grundierungsschichten – vor allem auf Deckel und Holzverbindungen – erforderlich. Das Kasteninnere ist mit weißen und orangefarbenen Sternen auf rotbraunem Hintergrund verziert. Das Äußere der Beilade weist dasselbe Sternendekor auf. Ihr Inneres ist weiß mit einem orangefarbenen Kantendekor bemalt. Schauseite und Schmalseiten sind mit figürlichen Szenen verziert, während Deckel und Rückseite einen grünen Rankendekor mit stilisierten blauen Blüten in Kreuzform zeigen. Die vier vor einem Landschaftshintergrund mit Bäumen dargestellten Enthauptungsszenen sind untereinander symmetrisch angeordnet und scheinen sich zu wiederholen. Die Haltung der Märtyrer oder der Peiniger ist zu undeutlich, um eine klare Verbindung mit dem heiligen Mauritius oder der thebäischen Legion herstellen zu können. Einziger Hinweis könnten die in Rüstung gekleideten Beine der beiden Märtyrer auf der Schauseite sein, welche sie als Krieger ausweist. Der links auf der Schauseite dargestellte „Krieger“ unterscheidet sich durch seine rosafarbene Tunika von den anderen Figuren mit grüner Tunika. Dieser Unterschied könnte auf die Darstellung eines Anführers – vielleicht des heiligen Mauritius – deuten. Die Identifikation des Kästchens als Reliquiar des heiligen Mauritius und der thebäischen Legion beruht demzufolge einzig auf dem Eintrag im Eingangsregister des Museums, der zum Zeitpunkt des Depositums gemacht wurde. Zusätzlich erschwert wird die Zuschreibung durch die Entfernung der Reliquien zu Beginn des 20. Jahrhunderts; ihre Herkunft wurde dabei nicht festgehalten. Die um 2002 durch die Restauratorinnen Madeleine Meyer-de Weck und Gisèle Carron durchgeführte Untersuchung der Maltechnik lässt auf eine Verbindung mit dem Meister der im Chor der Valeriakirche aufbewahrten Anbetung der Könige schließen, die von Chorherr Heinrich Asperlin wahrscheinlich nach seiner Ernennung zum Dekan von Valeria um 1437 in Auftrag gegeben worden war. Diesem Meister, der sich durch einen oberrheinischen Stil auszeichnet, konnten ebenfalls die Wandmalereien der Kapelle von Sankt German und das Missale von Willhelm von Raron zugeschrieben werden (1993, Anne-Catherine Fontannaz-Fumeaux). Obwohl die figürlichen Darstellungen auf dem Kästchenreliquiar technisch ähnlich ausgeführt sind und von einer gemeinsamen Formensprache zeugen, weist die etwas einfachere Ausführung wohl eher auf ein Werkstattmitglied als auf den Meister selbst hin. Die Arbeitsaufteilung auf verschiedene Werkstattmitglieder war im Mittelalter üblich. "Reliquienkästchen mit Szenen des Martyriums des hl. Mauritius" in: Elsig Patrick, Morand Marie Claude (Hrsg.), Das Geschichtsmuseum Wallis, Sitten. Sammeln inmitten der Alpen, Sitten: Geschichtsmuseum Wallis/Paris: Somogy Ed. d’Art, 2013, S. 142-143.


Marie Claude Morand and Claude Veuillet, 2013 :

The front, back and bottom of the shrine were made by splitting and are monoxyle. The lid consists of a rounded top part hewn with an adze and completed with two semicircular end pieces. It is attached to the body of the shrine with two hinges and can be closed with a hasp lock. The two rings attached to the lid were part of a handle. The assembly of the box and lid was made with nailed butt joints reinforced with decorative iron fittings. The surface of the wood inside the shrine was left in a rough state (tool marks, splinters) and the joints sealed with a layer of canvas (marouflage). The four feet are nailed to the sides and penetrate into the chest. A compartment with a lid was worked into the left side. Several priming layers were needed for the shrine to be decorated with paint, especially the lid and the joined parts. The interior was decorated with white and orange stars on a reddish-brown background. The compartment has the same decoration on the outside, but is white when open, with the corners marked with a triangular border of orange egg motifs. The narrative scenes were painted on the front and sides of the shrine, while the lid and back were decorated with stylised blue cruciform floral motifs. The available space was used to depict four beheading scenes against a background of meadows with trees, the whole arranged in a symmetrical, not to say repetitive pattern. Nothing about the martyrs’ or executioners’ costumes indicates a relationship to the legend of St. Maurice or the Theban Legion. The only clues might be the greaves on the legs of the two martyrs on the front of the shrine, which suggest that they are soldiers. The one on the left is clad differently than the others: a pink-coloured tunic instead of a green one like the other three martyrs. Could this be the leader? St. Maurice? The identification of the reliquary as being that of St. Maurice and the Theban Legion rests solely on the description written in the museum register when the object was deposited by the Sion Cathedral Chapter. That the relics were removed from the shrines in the early 20th century without mention of their provenance does not help matters either. An analysis of the pictorial technique conducted by the restorers Madeleine Meyer-de Weck and Gisèle Carron in April 2002 uncovered similarities with those of the painter of the Adoration of the Magi preserved in the choir of the church of Valère that was commissioned by the canon Henri Asperlin, probably after his election as Deacon of Valère in 1437. This master who worked in the style of the Upper Rhineland was identified by Anne-Catherine Fontannaz-Fumeaux in 1993 as the author of the mural paintings of the Sankt German Chapel and the missal that belonged to Guillaume de Rarogne. However, although the pictorial technique is comparable, there is not the same degree of mastery. The painting on the shrine is much more primitive, even summary, and so it seems difficult to consider it as the work of the master in question. My guess would be that it was done by a painter who worked in his workshop, a hypothesis that would fit with the division of labour that was customary in medieval workshop. "Reliquary Shrine with the Martyrdom of St. Maurice", in: Elsig Patrick, Morand Marie Claude (Ed.), History Museum of Valais, Sion. Collecting in the heart of the Alps, Sion: Musée d’histoire/Paris: Somogy Ed. d’Art, 2013, pp. 142-143.


Karina Quejo, 2022 :

L’un des premiers objets déposés par le Chapitre au Musée d’histoire du Valais est un coffret reliquaire en hêtre, peint à la tempera sur toile marouflée, à deux ferrures et, originellement, à poignée. La face avant du coffre et les deux côtés présentent quatre scènes de décollation de saints soldats, tandis que la face arrière et le dessus du couvercle bombé sont ornés de motifs végétaux et floraux, le tout sur fond rouge. À l’intérieur, les faces sont peintes en rouge brun avec semis d’étoiles blanches et orange ; un petit compartiment sur la gauche, peint en blanc, présente des motifs orange le long des arêtes. Le coffret a été restauré en 1993 par Stefania Gentile, qui a repéré quelques surpeints dus à une ancienne intervention. Si le registre d’entrée du Musée signale l’objet comme étant un « coffret, soit reliquaire gothique, avec peintures représentant le martyre de St. Maurice [provenant] du château de Valère », sa destination précise, son auteur, son commanditaire, sa datation et même son iconographie demeurent hypothétiques. S’agit-il de la « cassa magna picta » contenant des reliques citée dans le testament de Guillaume III ? Les personnages représentés sont bien en habit militaire, mais aucun élément ne permet d’identifier formellement les compagnons de la légion thébaine. La majorité des historiens de l’art y ont vu une oeuvre commandée par Guillaume III au Maître de Guillaume de Rarogne ; cependant, l’analyse réalisée en 2002 par Madeleine Meyer-de Weck et Gisèle Carron, qui a certes mis en évidence une technique d’exécution similaire à celle du panneau de l’Adoration, mais moins raffinée, a poussé Marie Claude Morand et Claude Veuillet à envisager plutôt l’intervention d’un collaborateur au sein de l’atelier du Maître. Les datations proposées oscillent entre le début et la fin de l’épiscopat de Guillaume III (1437-1451). "Coffret reliquaire des martyrs thébains (?)", in: Le bourg capitulaire et l'église de Valère à Sion, Les Monuments d'art et d'histoire de la Suisse, Canton du Valais, tome VIII, Berne: Société d'histoire de l'art en Suisse, 2022, p. 171.