Marguerite Burnat-Provins (1872 - 1952, peintre, écrivaine, illustratrice, décoratrice)
Dessin préparatoire pour une planche décorative aux motifs de trèfles rouges et blanc


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Isaline Pfefferlé, 2019 :

Marguerite Burnat-Provins (1872-1952), Planches décoratives, 1903-1910, techniques mixtes (papier carbone, gouache, aquarelle, broderie, etc.), dimensions variables, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA D 482, BA D 483, BA D 683, BA D 687, BA D 688, BA D 689, BA D 690, BA D 691, BA D 692, BA D 702, BA D 704, BA D 709, BA D 710, BA D 711, BA D 712, BA D 713, BA D 714, BA D 715, BA D 716, BA D 717, BA D 718, BA D 719, BA D 720, BA D 721, BA D 722, BA D 723, BA D 727, BA D 684, BA 2710 Originaire d’Arras en France où elle naît en 1872, Marguerite Burnat-Provins se forme à Paris, à l’Académie Julian et à l’École des Beaux-Arts où elle côtoie, au gré des Salons, les sympathisants du symbolisme et de l’Art Nouveau. Elle y rencontre son futur mari Alphonse Burnat en 1898 . La même année, ils s’installent à Vevey, sur la Riviera vaudoise où elle fait la connaissance d’Ernest Biéler (1863-1948), chef de file de la colonie d’artistes communément appelée « École de Savièse ». Marguerite Burnat-Provins découvre le Valais grâce à Biéler. Elle séjourne régulièrement à Savièse entre 1898 et 1906 aux côtés, entre autres, d’Henry van Muyden (1860-1936), de Paul Virchaux (1862-1930) et d’Edouard Vallet (1876-1929) . Confrontée à une nature brute et à un environnement paysager typiquement régional, elle y produit des portraits stylisés et développe une iconographique ornementale empruntée aux artistes du « Jugendstil » européen. Si Alfonse Mucha (1960-1939) sature de lys les portraits de la célèbre actrice Sarah Bernhardt (1844-1924), Burnat-Provins orne parfois ses Saviésannes de motifs végétaux (liserons, ronces, etc.) . Réalisées entre 1903 et 1910, les vingt-neuf planches conservées au Musée d’art du Valais témoignent de son intérêt pour les arts décoratifs : destinés à servir de modèle pour des broderies, des compositions de marquetterie ou du mobilier, ces dessins augmentés d’aquarelle et de gouache étaient probablement vendus en séries dans sa boutique de Vevey, « À la Cruche Verte ». Dès 1903, l’échoppe sert de vitrine et d’atelier à Burnat-Provins qui s’applique tant à la production et à la vente d’objets qu’à l’écriture, dont les Petits tableaux valaisans. En 1905, alors qu’elle réalise l’affiche de la Fête des Vignerons de Vevey, elle fonde la Ligue pour la Beauté, le futur « Heimatschutz », avant de quitter la Suisse et de parcourir l’Europe, l’Égypte ou encore l’Algérie. Ces années de voyages sont marquées par une production ornementale soutenue dont témoignent les différents motifs composant ces planches décoratives. S’y côtoient des rosiers et des cucurbitacées, des campanules et des merles, des citrons, des sureaux et d’autres formes végétales. Le motif du physalis est récurrent : il apparait sur quatre des vingt-neuf planches (BA D 482, BA D 720, BA D 721 et BA 2710). Ce riche échantillon nous permet de saluer, au-delà du réalisme des motifs, l’équilibre graphique et esthétique des compositions ainsi que l’aisance de Marguerite Burnat-Provins à traiter des motifs végétaux, animaux ou ornementaux avec une équité esthétique. Des compositions audacieuses de cacatoès (BA D 715), de feuilles (BA D 713) ou encore d’entrelacs de fleurs et de papillons (BA D 702) dynamisent et structurent de manière similaire les motifs qu’elles exploitent. D’autres planches échappent plus à la stylisation, notamment les six cartons de broderies floraux assemblés sous la forme d’un véritable herbier (BA D 687). Certaines créations profitent de la répétition de leurs motifs et offrent au regard un effet « papier-peint » (BA D 722 et BA D 723), tandis que d’autres esquisses tentent de dépasser la figuration : deux œuvres offrent une stylisation telle que le motif issu des plumes de paon devient hypnotique, voire surréaliste (BA D 689 et BA D 692). Bien qu’elle reste très souvent rattachée soit à l’Ecole de Savièse, soit à l’art hallucinatoire et à la Collection de l’Art Brut de Lausanne, Marguerite Burnat-Provins et sa production plurielle bénéficient aujourd’hui de lectures scientifiques et artistiques plus actuelles . Depuis 2016, le Musée d’art du Valais lui consacre d’ailleurs une salle d’exposition entière – première « chambre à soi » – et met un point d’honneur à la reconnaissance de l’œuvre riche et multiple d’une personnalité qui a su marquer les arts et le Valais, tant de sa plume que de son pinceau. 1. Anne Murray-Robertson, « Marguerite Burnat-Provins, artiste et écrivaine » in Pour elle – Marguerite Burnat-Provins, Lausanne, art&fiction12, 2018, p.24. 2. Pascal Ruedin, « Marguerite Burnat-Provins », in Le Musée cantonal des Beaux-Arts de Sion, 1947-1997, Sion, Éditions de Musées cantonaux du Valais, 1997, p. 240. 3. Marguerite Burnat-Provins, Jeune fille de Savièse, 1900, crayon, fusain, pastel, aquarelle et gouache sur papier, 37 x 45,5 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 537, achat en 1970. Stella Wenger, « Marguerite Burnat-Provins », in Collectionner au cœur des Alpes : le Musée d’art du Valais, Sion, Sion, Musée d’art ; Paris, Somogy Éditions d’Art, 2007, p.62. 4. En 2018, le Manoir de la Ville de Martigny, en collaboration avec l’École de design et haute école d’art du Valais (édhéa, anciennement ECAV) et le Musée d’art du Valais, présentait pour la première fois un ensemble de planches préparatoires au Livre pour toi. Cette exposition, intitulée « POUR ELLE », donnait carte blanche à huit artistes valaisans (Noor Abuarafeh, Valentin Carron, Christopher Füllemann, Gilles Furtwängler, Robert Ireland, Sofia Kouloukouri, Nathalie Perrin et Alexia Turlin), invités à proposer leur interprétation contemporaine de ce projet ornemental du Livre pour Toi de Marguerite Burnat-Provins. Voir Céline Eidenbenz, Anne Jean-Richard Largey, Federica Martini, Pour elle – Marguerite Burnat-Provins, Lausanne : art&fiction, 2018. 5. Céline Eidenbenz, « Une « chambre à soi » », in Marguerite Burnat-Provins. Cœur sauvage, sous la direction d’Anne Murray-Robertson, Gollion : Infolio éditions, 2019. --- Marguerite Burnat-Provins (1872–1952), Planches décoratives, 1903–1910, Mischtechnik (Kohlepapier, Gouache, Aquarell, Stickerei, usw.), verschiedene Abmessungen, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA D 482, BA D 483, BA D 683, BA D 687, BA D 688, BA D 689, BA D 690, BA D 691, BA D 692, BA D 702, BA D 704, BA D 709, BA D 710, BA D 711, BA D 712, BA D 713, BA D 714, BA D 715, BA D 716, BA D 717, BA D 718, BA D 719, BA D 720, BA D 721, BA D 722, BA D 723, BA D 727, BA D 684, BA 2710 Marguerite Burnat-Provins stammt aus Arras in Frankreich, wo sie 1872 geboren wurde, und studiert in Paris an der Académie Julian und der Ecole des Beaux-Arts. In der französischen Hauptstadt trifft sie im Rahmen der Salons mit Anhängern des Symbolismus und des Jugendstils zusammen und lernt 1898 ihren späteren Ehemann Alphonse Burnat kennen . Im gleichen Jahr lassen sich die beiden in Vevey an der Waadtländer Riviera nieder. Dort begegnet sie Ernest Biéler (1863–1948), dem führenden Kopf der Künstlerkolonie, die unter dem Namen «Schule von Savièse» bekannt ist. Dank Biéler entdeckt Marguerite Burnat-Provins das Wallis. Zwischen 1896 und 1906 hält sie sich regelmässig in Savièse auf, wo sie mit Henry van Muyden (1860–1936), Paul Virchaux (1862–1930) und Edouard Vallet (1876–1929) verkehrt . Konfrontiert mit einer rauen Natur und einer typisch regionalen Umgebung, malt sie stilisierte Porträts und entwickelt eine von den europäischen Jugendstilkünstlern übernommene ornamentale Ikonografie. Ähnlich wie Alfonse Mucha (1960–1939), der seine Bildnisse der berühmten Schauspielerin Sarah Bernhardt (1844–1924) mit Lilien ziert, schmückt Burnat-Provins ihre Savieserinnen gelegentlich mit Pflanzenmotiven (Winden, Ranken usw.) . Die zwischen 1903 und 1910 geschaffenen und im Kunstmuseum Wallis aufbewahrten Planches décoratives (Dekorative Tafeln) zeugen von ihrem Interesse für Angewandte Kunst: Als Vorlagen für Stickereien, Einlegearbeiten oder Möbel gedacht, wurden die mit Aquarell und Gouache gehöhten Zeichnungen vermutlich serienweise in ihrem Geschäft in Vevey, «A la Cruche Verte», verkauft. Seit 1903 dient ihr der Laden als Schaufenster und Atelier; dort schreibt sie und dort verkauft sie die von ihr produzierten Objekte wie die Petits tableaux valaisans (Kleine Walliser Bilder). 1905 gestaltet sie das Plakat für das Winzerfest in Vevey und gründet die «Ligue pour la Beauté», den späteren «Heimatschutz», bevor sie die Schweiz verlässt, um durch Europa, Ägypten und Algerien zu reisen. Diese unsteten Jahre sind von einer nie erlahmenden ornamentalen Produktion geprägt, wie die verschiedenen Motive dieser dekorativen Tafeln zeigen. Zu sehen sind Rosen und Kürbisse, Glockenblumen und Amseln, Zitronen, Holunder und andere Pflanzenarten. Das Physalis-Motiv erscheint auf vier der 29 Tafeln (BA D 482, BA D 720, BA D 721 und BA 2710). Über den Realismus der Motive hinaus lässt diese reiche Auswahl nicht nur die grafische und ästhetische Ausgewogenheit der Kompositionen, sondern auch die Gewandtheit erkennen, mit der Marguerite Burnat-Provins Pflanzen-, Tier- oder ornamentale Motive ästhetisch ausgewogen darstellt. Kühne Kompositionen, die Kakadus (BA D 715), Blätter (BA D 713) oder Flechtwerk mit Blumen und Schmetterlingen (BA D 702) zeigen, dynamisieren und strukturieren die von ihr verwendeten Motive in ähnlicher Weise. Andere Arbeiten entziehen sich eher der Stilisierung, insbesondere die sechs Kartons für Blumenstickereien, die ein echtes Herbar bilden (BA D 687). Einige Werke nutzen die Wiederholung ihrer Motive, um dem Auge einen «Tapeteneffekt» zu bieten (BA D 722 und BA D 723), während andere die Figürlichkeit zu überwinden suchen: Zwei Tafeln sind so stark stilisiert, dass das auf Pfauenfedern beruhende Motiv hypnotisierend oder gar surrealistisch wirkt (BA D 689 und BA D 692). Obwohl Marguerite Burnat-Provins häufig entweder der Schule von Savièse oder der halluzinatorischen Kunst und den Künstlern der Collection de l’Art Brut in Lausanne zugeordnet wird, werden ihr und ihrem vielgestaltigen Werk heute aktuellere wissenschaftliche und künstlerische Deutungen zuteil . Seit 2016 widmet ihr das Kunstmuseum Wallis einen eigenen Ausstellungsraum, eine erste «chambre à soi» ; zudem hat es sich zur Aufgabe gemacht, das reiche und vielfältige Werk einer Persönlichkeit zu würdigen, welche die Kunst und das Wallis mit der Feder wie mit dem Pinsel zu prägen verstand. 1. Anne Murray-Robertson, «Marguerite Burnat-Provins, artiste et écrivaine», in Pour elle – Marguerite Burnat-Provins, Lausanne, art&fiction, 2018, S. 24. 2. Pascal Ruedin, «Marguerite Burnat-Provins», in Le Musée cantonal des Beaux-Arts de Sion, 1947–1997, Sitten, Editions de Musées cantonaux du Valais, 1997, S. 240. 3. Marguerite Burnat-Provins, Jeune fille de Savièse (Junge Savieserin), 1900, Bleistift, Kohle, Pastell, Aquarell und Gouache auf Papier, 37 x 45,5 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 537, Ankauf 1970. Stella Wenger, «Marguerite Burnat-Provins», in Collectionner au cœur des Alpes: le Musée d’art du Valais, Sion, Sitten, Kunstmuseum; Paris, Somogy Editions d’Art, 2007, S. 62. 4. Im Jahr 2018 präsentierte das Manoir de la Ville de Martigny in Zusammenarbeit mit der Schule für Gestaltung und Hochschule für Kunst Wallis (édhéa, ehem. ECAV) und dem Kunstmuseum Wallis zum ersten Mal eine Reihe von Vorarbeiten zu dem Livre pour toi (Buch für dich). Diese Ausstellung mit dem Titel «POUR ELLE» erteilte acht Walliser Kunstschaffenden (Noor Abuarafeh, Valentin Carron, Christopher Füllemann, Gilles Furtwängler, Robert Ireland, Sofia Kouloukouri, Nathalie Perrin und Alexia Turlin) eine Carte blanche, um dem ornamentalen Projekt des Livre pour Toi von Marguerite Burnat-Provins eine jeweils eigene zeitgenössische Deutung zu geben. Vgl. Céline Eidenbenz, Anne Jean-Richard Largey, Federica Martini, Pour elle – Marguerite Burnat-Provins, Lausanne, art&fiction, 2018. 5. Céline Eidenbenz, «Une ‘chambre à soi’», in Marguerite Burnat-Provins. Cœur sauvage, hg. von Anne Murray-Robertson, Gollion, Infolio éditions, 2019.