Ernest Biéler (1863 - 1948, peintre, dessinateur, verrier, mosaïste, illustrateur )
Savièse


Picture

Céline Eidenbenz, 2021 :

Ernest Biéler (1863-1948), Savièse, 1921, aquarelle, gouache et crayon sur papier, 46 x 46 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 3471, dépôt du Club Alpin Suisse, Section genevoise en 2018 Considéré comme le chef de file de l’Ecole de Savièse, Ernest Biéler a représenté le Valais comme un paradis perdu encore intouché par la technologie et le progrès. Alors que la population de ce Canton était vouée à la rudesse du travail quotidien, Biéler en a offert une image idéalisée, comme lors d’un dimanche éternel où l’effort s’accomplit en habits de fête. Au début du 20e siècle, l’artiste vaudois se rattache ainsi au primitivisme rural qui se manifeste par ailleurs au même moment en Bretagne (à Pont-Aven avec Paul Gauguin) ou en Allemagne (à Worpswede avec Paula Modersohn-Becker). Intitulée Savièse, cette œuvre évoque la commune que Biéler a découverte en 1884 grâce aux conseils du peintre valaisan Raphael Ritz, parallèlement à sa formation à Paris. Savièse est aussi le lieu où Biéler a installé son atelier, attirant d’autres artistes dans son sillage, comme son amie Marguerite Burnat-Provins. On y reconnaît deux jeunes filles en habits de travail, qui se détachent sur un fond de champs de blés : celle de droite porte une faucille et s’adresse à sa compagne occupée à porter une hotte en osier tout en poursuivant son ouvrage de tricot avec ses aiguilles ! Vraisemblable ou pas, cette situation montre à quel point Biéler a esthétisé la société rurale en omettant de représenter la misère et la fatigue. Bien que tardive, l’œuvre se rattache au style Art nouveau que l’artiste a développé depuis 1900 : le traitement en aplats vise à définir les contours sans s’attarder sur les volumes. La formule d’ensemble se veut décorative. Cette œuvre est conservée au Musée d’art depuis 2018 grâce au dépôt du Club Alpin Suisse, Section genevoise.