Laurent Sester et Pascal Ruedin, 2012 :
Edouard Vallet (1876-1929), Procession de pénitents blancs à Ayent, 1911, huile sur toile, 171 x 166 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 1043, achat en 1980 Marqué par les modèles conjugués de Paul Gauguin (1848-1903), des Nabis et de Ferdinand Hodler (1853-1918), ce tableau est l’un des plus grands formats jamais exécutés par Edouard Vallet. Il vaudra à l’artiste de remporter en 1913 une médaille d’or de première classe à l’Exposition internationale des beaux-arts de Munich. Il marque l’aboutissement d’une suite d’œuvres – notamment une série de jardins et de tonnelles, ainsi que plusieurs cimetières – à travers lesquelles Vallet cherche à concilier le traitement décoratif de la surface et l’expression d’une certaine profondeur spatiale. La solution lui sera donnée par l’adoption d’un point de vue particulier sur le cimetière, sur l’allée bordée d’arbustes taillés en boules, sur les murs du clocher et de la nef de l’église paroissiale de Saint-Romain, chef-lieu de la commune d’Ayent ; et surtout sur la procession de pénitents qui, cheminant de gauche à droite, permet tout à la fois de dynamiser la composition et de relier la partie inférieure du tableau, gouvernée par une impressionnante perspective raccourcie, et la partie supérieure dominée par la modulation des surfaces. La composition est travaillée par une structure géométrique où s’affrontent des formes simples (cercles, rectangles, triangles, losanges, etc.) et de véritables champs de forces générés par les perspectives et les croisements de lignes. A ce traitement expressionniste de la forme et du trait répondent la lumière intense, froide et crue, les oppositions d’ombre et de lumière, ainsi que la montée en puissance des couleurs complémentaires bleue et orange. Ces contrastes de formes, de lignes et de couleurs expriment la vision d’une piété populaire perçue par le peintre et son public comme un spectacle exotique et quelque peu sauvage. Les pénitents blancs étaient les membres de la confrérie du Saint-Sacrement et du Saint-Rosaire ; leur procession rythmait la vie religieuse valaisanne deux fois par mois, dans une séquence que Vallet semble avoir adaptée à sa composition. Alors que la croix devait traditionnellement précéder le dais, Vallet la relègue à sa suite. Le peintre prend aussi quelques libertés avec les proportions des bâtiments, pour que sa représentation concentre les lignes de force sur la procession et souligne les éléments principaux : la croix du Christ, les personnages en habit blanc, les gonfanons et la Vierge à l’Enfant portée sur un brancard. Très enclin à souligner la dimension rituelle de la vie des populations valaisannes, Vallet est fasciné par le dialogue que celles-ci nouent entre la vie et la mort, à travers la religion. Cette image de cimetière pleine des sonorités de la vie n’est pas sans rappeler la finalité somme toute funèbre de la pompe néo-baroque de l’Eglise catholique. in: “Procession de pénitents blancs à Ayent, 1911”, in L’Ecole de Savièse. Une colonie d’artistes au coeur des Alpes vers 1900, dir. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sion : Musée d’art, 2012, pp. 212-213. --- Edouard Vallet (1876–1929), Prozession des Büsserordens in Ayent, 1911, Öl auf Leinwand, 171 × 166 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 1043, Ankauf 1980 Dieses Gemälde – von den Vorbildern Paul Gauguin (1848–1903), der Gruppe der Nabis und Ferdinand Hodler (1853–1918) geprägt – ist eines der grossformatigsten Werke, das Edouard Vallet je realisiert hat. Es brachte dem Künstler im Jahr 1913 an der internationalen Kunstausstellung in München eine Goldmedaille erster Klasse ein. Es markiert die Vollendung eines Bilderzyklus – namentlich einer Reihe von Gärten und Lauben sowie mehrerer Friedhöfe –, in dem Vallet die dekorative Gestaltung der Fläche mit dem Ausdruck einer gewissen räumlichen Tiefe vereinbaren wollte. Die Lösung fand er schliesslich in einem speziellen Blickwinkel auf den Friedhof, auf den mit kugelförmig geschnittenen Büschen gesäumten Weg, auf die Mauern des Kirchturms und das Schiff der Pfarrkirche von Saint-Romain, dem Hauptort der Gemeinde Ayent, und vor allem auf die Prozession des Büsserordens. Durch ihren Verlauf von links nach rechts verleiht die Prozession der Komposition eine gewisse Dynamik und verbindet dabei den unteren Bildteil, mit seiner beeindruckenden perspektivischen Verkürzung, und den oberen, der von der Abstufung der Flächen dominiert wird. Der Komposition liegt eine geometrische Struktur zugrunde, in der sich einfache Formen gegenüber stehen (Kreise, Rechtecke, Rhomben usw.) sowie eigentliche Kraftfelder, die aufgrund der Perspektiven und der Kreuzung von Linien entstehen. Diesem expressionistischen Umgang mit Form und Linie entspricht das intensive, kalte, grelle Licht, die Gegenüberstellung von Licht und Schatten sowie die zunehmende Intensität der Komplementärfarben Blau und Orange. Dieser Kontrast der Formen, Linien und Farben bringt eine Vision populärer Frömmigkeit zum Ausdruck, welche vom Maler und seinem Publikum als ein exotisches, etwas urtümliches Schauspiel erachtet wurde. Die Büsser gehörten zur Bruderschaft vom Allerheiligsten sowie zur Rosenkranzbruderschaft; ihre zweimal im Monat abgehaltene Prozession verlieh dem religiösen Leben seinen Rhythmus. Die dabei vorgegebene Reihenfolge scheint Vallet an seine Komposition angepasst zu haben. Während das Kreuz traditionsgemäss vor den Traghimmel gehört, hat es Vallet dahinter platziert. Der Maler hat sich auch, was die Proportionen der Gebäude betrifft, einige Freiheiten herausgenommen, damit die Kraftlinien auf die Prozession konzentriert und die wichtigsten Elemente betont werden: das Kreuz, die Personen in weisser Kutte, die Banner und die Jungfrau mit dem Kind auf der Trage. Vallet neigte stark dazu, die rituelle Dimension im Leben der Walliser Bevölkerung zu unterstreichen, und war fasziniert von deren Dialog über Leben und Tod anhand der Religion. Dieses mit den Klängen des Lebens erfüllte Bild eines Friedhofs erinnert zudem daran, dass der neobarocke Prunk der katholischen Kirche letztlich auf die menschliche Endlichkeit ausgerichtet ist. in: “Edouard Vallet, Prozession des Büsserordens in Ayent, 1911” in Die Schule von Savièse. Eine Künstlerkolonie in den Alpen um 1900, Leit. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sitten : Kunstmuseum, 2012, S. 212-213.