Claude Viallat (* 1936, peintre)
Sans titre / Ohne Titel / Untitled


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David Zagoury, 2018 :

Claude Viallat, (*1936), Sans titre, 1979, peinture acrylique sur toile de bâche, 383 x 165 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 2392, dépôt d’une collection privée en 1998 « Je ne crois pas à l’inspiration, mais à la ténacité, à l’entêtement, à ce qui constitue la peinture, c’est à dire la peinture »(1), affirme le peintre Claude Viallat qui s’est d’abord distingué comme l’un des fondateurs, en 1970 avec Daniel Dezeuze et Patrick Saytour, du groupe Supports/Surfaces qui appellee de ses voeux « une production picturale qui se prend pour son objet d’étude au cours de son inscription »(2). À cette époque déjà, l’artiste a développé son permanent « système Viallat » : une peinture autonome, sans autre référence qu’à elle-même, réalisée par la répétition d’une forme unique choisie au hasard en 1966. « J’ai donc commencé à dessiner une forme oblongue avec des coins arrondis et une espèce de proéminence, très voisine en fait de celle de la palette de peintre »(3), raconte Viallat au sujet du motif que l’on compare souvent à un haricot ou un osselet : « Trouver une forme quelconque revenait à utiliser la première forme venue. »(4) Ainsi ce patron réitéré demeure dénué de signification, à la manière des « objets spécifiques » de Donald Judd. Viallat le peint cependant toujours à la main, d’abord avec une éponge puis à l’aide d’un châblon, conjuguant son empreinte physique à l’impersonnel de la répétition. Comme la contrainte dans l’Oulipo, le procédé relève autant de l’astreinte que de la libération. Il permet à l’artiste de se concentrer sur la matérialité. Aussi ses peintures sont-elles toujours sur « toile libre », sans châssis ou autre pièce dissimulée, et non apprêtée, afin que le matériau se livre dans son intégrité. « Explorer sans arrêt les matériaux de l’art »(5) est aussi l’un des projets de Viallat. Pour ceci, il va « travailler tous les refoulés de la peinture »(6), et se saisir de supports de récupération aussi variés que des nappes, rideaux, fragments d’habits, sacs de jute, voiles de bateau, parasols ou toiles militaires. Pour l’ œuvre de 1979 présente au Musée d’art, Viallat a remployé une vaste bâche synthétique certainement un store banne, de couleur orange vif et recouverte d’un motif de fleurs rappelant le dessin d’animation, à la lisière du kitsch, bidimensionnel et répétitif de surcroît. Celui qui affirme « choisir un tissu pour les problèmes qu’il va me poser »(7) s’est donc confronté ici à une version pop de l’itération formelle qu’il emploie lui-même. Tout comme, lorsqu’il peint sur toile militaire, « il faudra penser avec le kaki » (Jean-Louis Froment)(8), il lui faut ici penser avec ces fleurons enfantins. Ainsi Viallat peint-il non seulement avec de la couleur, mais surtout sur de la couleur, créant un étrange palimpseste : celui d’un objet industriel recouvert d’une œuvre d’« art majeur » — laquelle cependant, par sa spontanéité gestuelle, sa quasi-naïveté, traduit secrètement l’ingénuité du motif à fleurs qu’elle escamote. Viallat travaille en effet très vite et mélange les couleurs sur la peinture encore fraîche (« a fresco », pour reprendre son expression(9)). « Je dis “J’arrête” quand la couleur m’a mis dehors »(10), précise-t-il. 1) Marie-Hélène Grinfeder, Les années supports surfaces, Paris, Herscher, p. 357. 2) Texte rédigé par le groupe accompagnant l’exposition au Théâtre de la Cité Internationale à Paris enmai 1971. Marie-Hélène Grinfeder, op. cit., p. 56. 3) Les années supports/surfaces dans les collections du Centre Georges Pompidou, cat. exp., Paris, Ed. du Jeu de Paume et Ed. du Centre Pompidou, 1998, p. 148. 4) Ibid., p. 134. 5) Marie-Hélène Grinfeder, op. cit., p. 357. 6) Pierre Wat, Claude Viallat : Œuvres, écrits, entretiens, Paris, Hazan, 2006, p. 148. 7) Jean-Charles Lebahar, Claude Viallat : Une issue à travers le mur, Paris, Au même titre, 1999, p. 79. 8) Pierre Manuel, « Formes et figures », in Claude Viallat, cat. exp., Saint-Etienne, Ceysson, 2013, p. 16. 9) Jean-Charles Lebahar, Claude Viallat : Une issue à travers le mur, Paris, Au même titre, 1999, p. 91. 10) Ibid., p. 82. --- Claude Viallat (*1936), Ohne Titel, 1979, Acryl auf Plane, 383 x 165 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 2392, Leihgabe einer Privatsammlung 1998 «Ich glaube nicht an Inspiration, sondern an Hartnäckigkeit, Starrköpfigkeit, an das, was die Malerei ausmacht, das heisst an die Malerei»(1), erklärt der Maler Claude Viallat, der 1970 mit Daniel Dezeuze und Patrick Saytour die Gruppe Supports/Surfaces gegründet hatte; diese erhoffte sich «eine Bildproduktion, die sich während ihrer Anfertigung selber zum Studienobjekt macht»(2). Bereits damals hatte der Künstler ein permanentes «System Viallat» entwickelt: eine autonome Malerei, die allein auf sich selbst bezogen ist und durch die Wiederholung einer einzigen, 1966 zufällig gewählten Form produziert wird. «Ich begann also, eine längliche Form mit abgerundeten Ecken und einer Art Spitze zu zeichnen, die jener der Palette eines Malers ähnlich war»(3), erzählt Viallat über das Motiv, das man häufig mit einer Bohne oder einem kleinen Knochen vergleicht: «Eine beliebige Form zu finden, kam der Verwendung der erstbesten Form gleich.»(4) So bleibt dieses repetitive Muster wie die «spezifischen Objekte» von Donald Judd ohne jede Bedeutung. Viallat malt es jedoch stets von Hand, zunächst mit einem Schwamm, dann mit Hilfe einer Schablone, indem er den physischen Abdruck mit der Unpersönlichkeit der Wiederholung verknüpft. Wie der Zwang in der Gruppe Oulipo ist dieses Verfahren ebenso einschränkend wie befreiend. Es erlaubt dem Künstler, sich auf die Materialität zu konzentrieren. So sind seine Gemälde stets auf eine unpräparierte «freie Leinwand» ohne Keilrahmen oder ein anderes verborgenes Stück gemalt, damit sich das Material in seiner Integrität enthüllt. «Unaufhörlich die Materialien der Kunst erforschen»(5) ist ein weiteres Projekt Viallats. Dafür möchte er «alle Verdrängungen der Malerei bearbeiten»(6) und sich unterschiedlicher wiederverwendeter Träger bemächtigen, zu denen Tischdecken, Vorhänge, Kleiderstücke, Jutesäcke, Schiffssegel, Sonnenschirme oder Militärstoffe gehören. Für das im Kunstmuseum aufbewahrte Werk aus dem Jahr 1979 nutzte er eine grosse, hellorangefarbene Kunststoffplane, vermutlich eine Markise, deren Blumenmotive an eine zweidimensionale und überdies repetitive, leicht kitschige Comiczeichnung erinnern. Jener, der behauptet, «einen Stoff aufgrund der Probleme zu wählen, die er mir stellt»(7), konfrontiert sich hier also mit einer Pop-Fassung der formalen Wiederholung, die er selber benutzt. Wie er, wenn er auf einen Militärstoff malt, «mit dem Kaki zu denken hat» (Jean-Louis Froment)(8), muss er hier mit diesen kindlichen Blumen denken. So malt Viallat nicht nur mit Farbe, sondern vor allem auch auf Farbe und schafft auf diese Weise das seltsame Palimpsest eines Industrieobjekts, das von einem Werk der «hohen Kunst» bedeckt ist – das jedoch durch seine gestische Spontaneität und Quasi-Naivität insgeheim die Unbefangenheit des von ihm verdeckten Blumenmotivs offenlegt. Viallat arbeitet in der Tat sehr schnell und mischt die Farben auf der noch feuchten Malerei («a fresco»(9), um ihn selber zu zitieren). «Ich sage ‘ich höre auf’, wenn die Farbe mich rausgeworfen hat»(10), fügt er hinzu. 1) Marie-Hélène Grinfeder, Les années supports surfaces, Paris: Herscher 1991, S. 357. 2) Von der Gruppe verfasster Begleittext zur Ausstellung im Théâtre de la Cité Internationale in Paris im Mai 1971. Marie-Hélène Grinfeder, a. a. O., S. 56. 3)Les années supports/surfaces dans les collections du Centre Georges Pompidou, Ausst.-Kat., Paris: Ed. du Jeu de Paume und Ed. du Centre Pompidou, 1998, S. 148. 4) Ebd., S. 134. 5) Marie-Hélène Grinfeder, a. a. O., S. 357. 6) Pierre Wat, Claude Viallat: Œuvres, écrits, entretiens, Paris: Hazan 2006, S. 148. 7) Jean-Charles Lebahar, Claude Viallat: Une issue à travers le mur, Paris: Au même titre 1999, S. 79. 8) Pierre Manuel, «Formes et figures», in Claude Viallat, Ausst.-Kat., Saint-Etienne: Ceysson 2013, S. 16. 9) Jean-Charles Lebahar, a. a. O., S. 91. 10) Jean-Charles Lebahar, a. a. O., S. 82.