François Diday (1802 - 1877, peintre de paysages, professeur de dessin)
Chemin du col du Grimsel à la Handeck Chemin du col du Grimsel à la Handeck / Grimselweg auf der Handeck / Grimselweg auf der Handeck / The Grimsel Pass at Handeck


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Pascal Ruedin, 2007 :

François DIDAY (1802-1877), Chemin du col du Grimsel à la Handeck, 1855, huile sur toile, 76 x 93 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 2661, achat avec l’aide de M. Michel Lehner en 2001. Les vallées de l’Oberland bernois sont « inventées » par les peintres dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, conjointement à l’émulation encyclopédique et à l’apparition du tourisme dans les Alpes. Au-delà de la grande figure de Caspar Wolf (1735-1783), le paysage de montagne fait d’abord le succès des « petits maîtres » bernois (Aberli, Rieter, Biedermann, Lory). C’est cet héritage de vedute que le peintre genevois François Diday et son célèbre élève Alexandre Calame (1810-1864) transfigurent en véritables tableaux d’exposition, dans l’esprit dramatique du romantisme. La première mention explicite du site de la Handeck dans l’œuvre de Diday remonte à 1843 seulement (1), quatre ans après le monumental Orage à la Handeck (2) de Calame qui vaut à son auteur une médaille d’or au Salon de Paris et qui lui ouvre une carrière internationale. Par un singulier renversement du rapport maître-élève, le tableau peint par Diday en 1855 dérive directement de ce modèle de Calame, dont il emprunte le sujet, le cadrage et l’atmosphère dramatique, mais dont il modifie l’effet sur le spectateur. La dramaturgie de Calame repose avant tout sur l’intégration directe du spectateur dans le tableau ; celle de Diday se fonde sur la suggestion d’une histoire. Tandis que Calame nous plonge immédiatement au cœur du drame, Diday le met à distance au moyen d’un premier plan repoussoir qui est en quelque sorte le gradin d’où le spectateur observe la scène. Au contraire de son élève qui laisse le premier rôle à la nature et dont les compositions sont rarement habitées, Diday agence un groupe de figures qui, après avoir franchi un torrent, sont sur le point de quitter la lumière pour s’enfoncer dans l’ombre. Diday recourt encore à un autre procédé dramaturgique : la représentation du moment précédant l’action, ici l’orage qui menace et dont la puissance brisera les arbres, gonflera le torrent et emportera la fragile passerelle, isolant définitivement le groupe de figures de l’espace du spectateur. La mise en scène s’appuie en outre sur un décor, des accessoires et une régie convenus : sapins ployés par le vent, torrent furieux, nuages accrochés aux montagnes, arbres anthropomorphes sectionnés voire arrachés, contrastes d’ombre et de lumière, etc. Le succès de ces recettes est tel que Diday peindra encore, dans ses dernières années de vie, une réplique et une variante du tableau du Musée d'art du Valais (3). 1. Alfred Schreiber-Favre, François Diday, 1802-1877, fondateur de l’école suisse de paysage. Contribution à l’histoire de l’art du XIXe siècle, Genève : Jullien, 1942, p. 76, no 63. 2. 1839, huile sur toile, 190 x 260 cm, Musée d’art et d’histoire, Genève. 3. Elles sont toutes deux conservées au Musée d’art et d’histoire de Genève : Chemin du Grimsel à la Handeck, 1873, huile sur toile, 88.5 x 121.5 cm, inv. no 1886-0004 ; Paysage des Alpes bernoises, 1876, huile sur toile, 60 x 78 cm, Musée d’art et d’histoire, Genève, inv. CR 0034. in: “François Diday, Chemin du col du Grimsel à la Handeck, 1855”, dans Le Musée d’art du Valais, Sion - Collectionner au cœur des Alpes, dir. Pascal Ruedin, Sion, Musées cantonaux, Paris, Somogy, 2007, pp. 42 - 43, cat. no 6. --- François DIDAY (1802-1877), Grimselweg auf der Handeck, 1855, Öl auf Leinwand, 76 × 93 cm, Kunstmuseum Sitten, Inv. BA 2661, Ankauf mit der Unterstützung von Herrn Michel Lehner, 2001. Die Täler des Berner Oberlands wurden von den Malern der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts «erfunden», zeitgleich mit dem enzyklopädischen Eifer und dem Aufkommen des Tourismus in den Alpen. Ausser dem grossen Caspar Wolf (1735-1783) verhalf die Berglandschaft vorerst den Berner Kleinmeistern zum Erfolg (Aberli, Rieter, Biedermann, Lory). Es ist dieses Erbe der Vedutenmaler, welches der Genfer François Diday und sein berühmter Schüler Alexandre Calame (1810-1864) im dramatischen Sinn der Romantik zu wirklichen Ausstellungsgemälden verklärten. Die erste ausdrückliche Erwähnung des Ortes Handeck in Didays Werk geht auf das Jahr 1843 zurück (1). Calames Monumentalwerk Sturm auf der Handeck (2), welches diesem eine Goldmedaille am Pariser Salon einbrachte und ihm eine internationale Karriere eröffnete, war zu diesem Zeitpunkt bereits seit vier Jahren fertig gestellt. In einer eigenartigen Umkehrung der Meister-Schüler-Beziehung ist Didays Gemälde direkt von Calames Vorbild abgeleitet, dessen Motiv, Bildausschnitt und dramatische Stimmung er entlehnte, jedoch die Wirkung auf den Betrachter änderte. Die Dramaturgie beruht bei Calame hauptsächlich darauf, dass der Betrachter direkt ins Bild mit einbezogen ist; bei Diday hingegen auf der Andeutung einer Geschichte. Während wir uns bei Calame mitten im Geschehen befinden, versetzt es Diday durch einen Repoussoir-Vordergrund zurück; dieser bildet gewissermassen die Tribüne, von der aus der Betrachter die Szene beobachtet. Im Gegensatz zu seinem Schüler, welcher die Hauptrolle der Natur überlässt und in dessen Kompositionen selten Menschen dargestellt sind, inszeniert Diday eine Figurengruppe, die, nachdem sie gerade einen Bergbach überquert hat, gerade dabei ist, aus dem Licht in den Schatten zu verschwinden. Diday bedient sich eines weiteren dramaturgischen Mittels: Der Darstellung des Moments unmittelbar vor dem eigentlichen Ereignis, hier dem drohenden Sturm, dessen Stärke die Bäume knicken, den Bergbach anschwellen lassen, den wackligen Steg wegreissen und somit die Figurengruppe definitiv vom Raum des Betrachters trennen wird. Die Inszenierung gründet im Übrigen auf dem Gebräuchlichen, was Dekor, Hilfsmittel und Regie betrifft: windgebeugte Tannen, ein reissender Bergbach, tief hängende Wolken, geknickte, ja sogar entwurzelte Bäume in Menschengestalt, Hell-Dunkel-Kontrast usw. Dieses Rezept war so erfolgreich, dass Diday in den letzten Jahren seines Lebens eine Replik sowie eine zweite Fassung des im Kunstmuseum Wallis konservierten Werks malte (3) . 1. Alfred Schreiber-Favre, François Diday, 1802-1877, fondateur de l’école suisse de paysage. Contribution à l’histoire de l’art du XIXe siècle, Genf: Jullien, 1942, S. 76, Nr 63. 2. 1839, Öl auf Leinwand, 190 × 260 cm, Musée d’art et d’histoire, Genf. 3. Beide Werke befinden sich im Genfer Musée d’art et d’histoire: Chemin du Grimsel à la Handeck, 1873, Öl auf Leinwand, 88,5 × 121,5 cm, Inv. Nr. 1886-0004; Paysage des Alpes bernoises, 1876, Öl auf Leinwand, 60 × 78 cm, Musée d’art et d’histoire, Genf, Inv. CR 0034. in: “François Diday, Grimselweg auf der Handeck, 1855”, in Das Kunstmuseum Wallis, Sitten - Sammeln inmitten der Alpen, dir. Pascal Ruedin, Sitten, Walliser Kantonsmuseen, Paris, Somogy, 2007, pp. 42 - 43, cat. no 6.