Raphaël Ritz (1829 - 1894, peintre)
Veille de fête ou Les deux âges / Am Tag vor dem Fest oder Die beiden Alter / Feast-day Eve or the Two Ages
(Am Festvorabend (ref. WR 1972, I, 32))


Picture

Claude-Alain Künzi et Pascal Ruedin, 2012 :

Raphael Ritz (1829-1894), Veille de fête ou les deux âges, 1873, huile sur toile, 80,5 x 117,5 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 205, achat en 1929. C'est la veille de la Fête-Dieu, une petite troupe d'enfants – portant un costume vraisemblablement valaisan (1) – s'est rendue en forêt pour y cueillir des branches de sapins et des rhododendrons qui décoreront les reposoirs de la procession. Compagnie enjouée qui, au détour du chemin, croise une vieille femme assise après avoir ramassé du bois mort. La forêt est sombre, avec quelques zones plus lumineuses qui rythment le cortège des enfants. Les fêtes et les cortèges d'enfants sont des thèmes très courants dans la production de l'Ecole de Düsseldorf, à laquelle se rattache alors Ritz. L'un de ses représentants les plus populaires, Hubert Salentin (1822-1910), peint ainsi en 1867 une scène intitulée La reine de mai, montrant une joyeuse troupe d'enfants sortant d'un sous-bois, entourant une fille couronnée montée sur un petit âne (2) . L'œuvre de Ritz, comme son double titre l'indique, propose deux niveaux de lecture. Le second est allégorique : il s'agit d'une illustration des âges de la vie, comme le confirme une lettre de l’artiste (3) . Ce thème est mis en scène par le jeu des deux personnages principaux, la vieille femme d'une part, représentée en figure de la mélancolie, et la jeune fille au centre de la composition d'autre part. Le temps semble s'être figé autour de l'échange des regards de la jeune fille et de la vieille femme : l'une contemple une dure vie passée, l'autre se remémore la douceur et l'insouciance de la jeunesse. Pourtant, elles restent étrangères l'une à l'autre : bien que leurs regards se situent au même niveau, elles sont séparées par près de la moitié de la largeur du tableau. La mise en lien de la jeunesse et de la vieillesse est également un thème que l'on rencontre fréquemment chez les artistes de l'Ecole de Düsseldorf, bien qu'il se cantonne généralement à la simple anecdote. Ainsi de l'œuvre de Fritz Sonderland (1836-1896) intitulée L’anniversaire de la grand-mère, qui représente quatre petits enfants apportant des cadeaux à leur grand-mère (4) . L'une des rares exceptions est une huile de Ludwig Knaus (1829-1910), Cortège funèbre dans la forêt (1852) (5) , qui pourrait par ailleurs être un modèle pour l'œuvre de Ritz, et qui possède une charge symbolique peu appuyée. Ritz, au contraire, renforce la portée allégorique de son œuvre jusqu'à en faire le thème central. Il en multiplie les indices : la petite fille au centre perd des fleurs de son tablier, comme l'on sème les jours de sa vie ; les branches et les fleurs fraîches des enfants s'opposent au bois mort de la femme, tout comme le cortège mouvant des enfants est contraire à la position statique de la vieille femme. Le tableau se distancie en somme de la production habituelle de l’Ecole de Düsseldorf par la volonté affichée d'ennoblir la peinture de genre. Il est également très éloigné de la vision ethnographique et décorative qu’Ernest Biéler (1863-1948), introduit à Savièse par Raphael Ritz lui-même, donnera de la Fête-Dieu dans ce village un demi-siècle plus tard. (1) A l’époque où cette œuvre est peinte, rien ne permet de distinguer avec certitude le costume féminin de Savièse, par exemple, de celui d’une commune voisine. Seul le chapeau, absent de la composition de Ritz, permettrait de rattacher le costume à une communauté villageoise précise. La façon dont les trois jeunes filles au centre du tableau portent le foulard permet toutefois de rattacher ces figures au Valais (aimable communication de Thomas Antonietti, ethnologue et conservateur du Département d’histoire contemporaine au Musée d’histoire du Valais). (2) Huile sur toile, 90 x 123 cm, localisation inconnue. (3) Lettre à sa fiancée, 10.3.1873, citée dans Ruppen 1980, p. 121. (4) Huile sur toile, s.d., 65 x 86 cm, localisation inconnue. (5) Huile sur toile, 96 x 114 cm, collection particulière in: “Veille de fête ou les deux âges, 1873”, dans L’Ecole de Savièse. Une colonie d’artistes au coeur des Alpes vers 1900, dir. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sion : Musée d’art, 2012, pp. 74-75, cat. no 5. --- Raphael RITZ (1829–1894), Am Tag vor dem Fest oder Die beiden Alter, 1873, Öl auf Leinwand, 80,5 × 117,5 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 205, Ankauf 1929. Es ist der Tag vor Fronleichnam. Eine kleine Kinderschar – wahrscheinlich in Walliser Tracht(1) – ist in den Wald gegangen, um dort Tannenäste und Alpenrosen zum Dekorieren der Altäre für die Prozession zu sammeln. Die fröhliche Truppe trifft in einer Wegbiegung auf eine alte Frau, die sich, nachdem sie dürres Holz gesammelt hat, zum Ausruhen hingesetzt hat. Der Wald ist dunkel mit einigen hellen Stellen, welche den Umzug der Kinder unterstreichen. Feste und Kinderumzüge sind sehr häufig anzutreffende Themen in der Produktion der Düsseldorfer Schule, der damals auch Ritz angehörte. Einer ihrer beliebtesten Vertreter, Hubert Salentin (1822–1910), malte 1867 eine Szene mit dem Titel Die Maikönigin. Darin ist eine fröhliche Kinderschar zu sehen, die in Begleitung eines gekrönten, auf einem Eselchen reitenden Mädchens aus dem Wald kommt(2). Ritz’ Werk bietet – der doppelte Titel weist darauf hin – zwei Interpretationsmöglichkeiten. Die zweite ist allegorisch: Es handelt sich um eine Darstellung der Lebensalter, was in einem Brief des Künstlers bestätigt wird(3). Dieses Thema ist im Spiel zwischen den beiden Hauptfiguren inszeniert, zwischen der alten Frau in der Darstellung der Melancholie einerseits und dem jungen Mädchen in der Bildmitte anderseits. Die Zeit scheint rund um den Blickaustausch zwischen dem Mädchen und der alten Frau stillzustehen: Die eine betrachtet ein bereits vergangenes, hartes Leben, die andere vergegenwärtigt sich die Annehmlichkeiten und die Sorglosigkeit der Jugend. Die beiden bleiben einander jedoch fremd: Ihre Blicke befinden sich zwar auf der selben Höhe, doch zwischen ihnen liegt beinahe eine halbe Bildbreite. Die Gegenüberstellung von Jung und Alt ist auch ein Thema, das bei den Künstlern der Düsseldorfer Schule oft anzutreffen ist, obschon es sich im Allgemeinen auf die blosse Anekdote beschränkt. So das Werk von Fritz Sonderland (1836–1896) mit dem Titel Grossmutters Geburtstag, das vier kleine Kinder zeigt, die ihrer Grossmutter Geschenke überbringen(4). Eine der wenigen Ausnahmen ist ein Ölbild von Ludwig Knaus (1829–1910), Trauerzug im Wald (1852)(5), das im Übrigen als Vorbild für Ritz’ Werk gedient haben könnte und einen leicht symbolischen Beiklang hat. Bei Ritz hingegen ist die allegorische Tragweite so stark, dass sie zum zentralen Motiv wird. Dafür gibt es viele Hinweise: Dem kleinen Mädchen in der Bildmitte fallen Blumen aus der Schürze, ein Bild dafür, wie das Leben Tag um Tag vergeht; die Äste und frischen Blumen der Kinder stehen im Kontrast zum dürren Holz der Alten, und auch zwischen dem bewegten Umzug der Kinder und der statischen Position der alten Frau besteht ein Gegensatz. Dadurch, dass es offenkundig ein Genrebild adelt, hebt sich das Werk von der üblichen Produktion der Düsseldorfer Schule ab. Es steht auch der ethnographischen, dekorativen Sichtweise fern, mit welcher Ernest Biéler, den Raphael Ritz selbst in Savièse einführte, ein halbes Jahrhundert später das Fronleichnamsfest in diesem Dorf darstellte. (1) Zur Zeit, als dieses Werk gemalt wurde, ist es nicht möglich, die Frauentracht beispielsweise von Savièse klar von jener eines Nachbardorfes zu unterscheiden. Nur aufgrund des Huts, der in Ritz’ Komposition aber fehlt, könnte die Tracht einer Dorfgemeinschaft zugeordnet werden. Nach der Art und Weise, wie die drei Mädchen in der Bildmitte das Foulard tragen, lassen sich die Figuren jedoch dem Wallis zuordnen (diese Informationen stammen freundlicherweise von Thomas Antonietti, Konservator am Museum für Geschichte, Sitten). (2) Öl auf Leinwand, 90 × 123 cm, Standort unbekannt. (3) Brief an seine Verlobte, 10.3.1873, zitiert in: Walter Ruppen, Raphael Ritz 1829–1894, Sitten: Matze, 1980, S. 121. (4) Öl auf Leinwand, o. D., 65 × 86 cm, Standort unbekannt. (5) Öl auf Leinwand, 96 × 114 cm, Privatsammlung in: “Raphael Ritz, Am Tag vor dem Fest oder Die beiden Alter, 1873”, in Die Schule von Savièse. Eine Künstlerkolonie in den Alpen um 1900, Leit. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sitten : Kunstmuseum, 2012, S. 74-75.