Katia Boz Balmer, 2007 :
Charles-Clos Olsommer (1883-1966), Autoportrait jeune, s. d. [vers 1923], fusain, pastel, craie et crayon Conté sur papier, 39 x 32 cm. Musée d’art du Valais, Sion. Don des enfants de l’artiste en 1977. Inv. BA 742 Olsommer exécute cet autoportrait vers 1923, à une époque où il délaisse progressivement la scène artistique suisse pour se concentrer sur des expositions individuelles. Ce repli se lit aussi dans la thématique abordée dès 1916, celle de la vie intérieure, qui illustre la pensée centrale de l’ensemble de l’œuvre, à savoir que l’homme est constamment partagé entre ses aspirations terrestres et spirituelles. La prière ou la méditation sont alors proposées comme échappatoires à ce conflit intime. C’est sur cet aspect que porte la série d’autoportraits de profil auxquels ce tableau appartient (1). Le buste se détache sur un paysage dépouillé. D’emblée, une impression de solitude caractérise la figure et le fond. Elle accompagne la démarche d’introspection. Dans un langage symboliste, Olsommer subordonne les éléments du tableau à cette notion d’isolement. Ce parti pris se manifeste tout d’abord dans la représentation de profil. L’autoportrait de face fait appel à une stratégie du miroir et donne une image frontale, qui fait du spectateur le destinataire d’un acte de communication. La représentation de profil modifie le lien entre observateur et observé. Elle accroît l’inaccessibilité de la figure, car le regard, signe de l’interaction, sort du cadre du tableau et se dirige vers le lieu de la contemplation intérieure. Le cadrage choisi, en gros plan, renforce encore cette présence à soi. Le paysage symboliste traduit aussi l’isolement inhérent à la méditation. Olsommer traite ce fond en touches de tendance divisionniste, afin de transfigurer le réel. Le paysage est réduit à l’état de signes. Les falaises y contribuent : « Je me suis assis sur un amas rocheux ... Comme je comprends ce besoin des saints de s’isoler (2)» . Le plan d’eau, qui rappelle celui de L’Etang sacré, renvoie au sens premier du sacré en tant « qu’espace à part, propre à induire la révérence religieuse (3)». Comme tous les éléments convergent vers le repli sur soi, figure et fond entrent en résonance. La découpe de l’arête rocheuse double en négatif les contours de la tête. La direction du regard est reprise dans l’horizontalité des vagues. L’étang devient l’espace symbolique de la réflexion, dans sa double acception de pensée et d’image spéculaire à forte vibration chromatique, réfléchissant le ciel et le nimbe. Cet autoportrait symboliste apparaît comme un manifeste de la spiritualité du peintre. Faut-il y voir la volonté de l’artiste de laisser au monde une trace de lui-même ? Le critique Arnold Kohler, spécialiste de l’œuvre d’Olsommer, y répond : « De même qu’il avait entrepris de rédiger ses Carnets intimes pour "qu’on connaisse dans les générations futures ce qui passa dans son âme", il dessine et peint son effigie afin qu’elle aussi porte témoignage de ce qu’il fut (4)». 1) Ces autoportraits de profil, réalisés entre 1912 et 1925 environ, sont les suivants : Autoportrait, profil, 1912, fusain et crayon sur papier, 34.3 x 36.8 cm, Musée Olsommer, Veyras ; Autoportrait à l’auréole, s.d. (vers 1920/30), sanguine, fusain et encre sur papier brun clair, 28.4 x 28.2 cm, Musée Olsommer, Veyras ; Portrait du solitaire Clos, 1925, pastel, encre et or sur papier gris, 35.6 x 45.2 cm, Musée Olsommer, Veyras. 2) Charles-Clos Olsommer, Carnets intimes, 21 janvier 1921, (collection privée, Veyras). 3) L’Etang sacré, 1913, tempera sur panneau, 70 x 70 cm, Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne. 4) Arnold Kohler, Un peintre mystique et symboliste : Charles-Clos Olsommer. Sa vie et son œuvre d’après ses carnets intimes et d’autres témoignages, Neuchâtel : Baconnière, 1978, p. 185. in: “Charles-Clos Olsommer, Autoportrait jeune, s.d. (vers 1923)”, dans Le Musée d’art du Valais, Sion - Collectionner au cœur des Alpes, dir. Pascal Ruedin, Sion, Musées cantonaux, Paris, Somogy, 2007, p. 96 - 97, cat. no 31. --- Charles-Clos Olsommer (1883-1966), Selbstporträt in jungen Jahren, o. D. [um 1923], Kohle, Pastell, Kreide und Bleistift auf graugrünem Papier, 39 × 32 cm. Kunstmuseum Wallis, Sitten. Schenkung der Kinder des Künstlers 1977. Inv. BA 742 Olsommer realisierte dieses Selbstporträt um 1923, zu einer Zeit, als er sich mehr und mehr aus der Schweizer Kunstszene zurückzog, um sich stattdessen auf Einzelausstellungen zu konzentrieren. Dieser Rückzug lässt sich auch in der ab 1916 aufgenommenen Thematik des inneren Lebens erkennen, welche den Hauptgedanken seines gesamten Werks darlegt, nämlich dass der Mensch ständig im Spannungsfeld seines irdischen und seines spirituellen Strebens steht. Das Gebet oder die Meditation bieten alsdann Zuflucht vor diesem inneren Konflikt. Um diesen Aspekt geht es in der Reihe von Selbstporträts in Seitenansicht, zu der das vorliegende Bild gehört (1). Das Brustbild hebt sich von einer nüchternen Landschaft ab. Die Figur und der Hintergrund wirken auf Anhieb einsam. Dieser Eindruck geht mit der Selbstbeobachtung einher. In einer symbolischen Ausdrucksweise ordnet Olsommer die Bildelemente dem Begriff der Isolierung unter. Dies zeigt sich vorerst in der Darstellung in Seitenansicht. Das Selbstporträt in Vorderansicht beruft sich auf eine Spiegelstrategie und ergibt ein gegenüberstehendes Bild, das aus dem Betrachter das Gegenüber in einer Kommunikationssituation macht. Die Seitenansicht hingegen verändert die Beziehung zwischen Betrachter und Betrachtetem. Sie verstärkt die Unnahbarkeit der Figur, da der Blick, das Zeichen des Dialogs, über den Bildrahmen hinaus gerichtet ist, auf den Ort der inneren Betrachtung. Der gewählte Bildausschnitt in Grossaufnahme verstärkt diese Selbstgegenwart noch. Die symbolistische Landschaft vermittelt ebenfalls das mit der Meditation einhergehende Alleinsein. Olsommer bearbeitete den Hintergrund mit divisionistisch anmutenden Pinselstrichen, um die Wirklichkeit zu verklären. Die Landschaft ist auf Zeichen reduziert. Die Klippen tragen dazu bei: «Ich habe mich auf einen Felshaufen gesetzt .... Wie ich das Bedürfnis der Heiligen verstehe, sich zurückzuziehen (2).» Der Teich, der an jenen im Werk L’Etang sacré (3) (etwa: der heilige Teich) erinnert, verweist auf die Hauptbedeutung des Heiligen als «separater Raum, der dazu geeignet ist, die religiöse Ehrfurcht hervorzurufen.» Da alle Elemente auf den Rückzug auf sich selbst ausgerichtet sind, entsteht zwischen Figur und Hintergrund eine Resonanz. Die Linienführung des Felskamms verdoppelt als Negativ die Konturen des Kopfs. Die Blickrichtung wird in den horizontalen Wellen wieder aufgenommen. Der Teich wird zum symbolischen Raum der Reflexion in doppeltem Sinn: die Gedanken und das Spiegelbild mit starker chromatischer Vibration, das den Himmel und den Nimbus reflektiert. Dieses symbolistische Selbstporträt erscheint als Manifest der Spiritualität des Malers. Muss man darin den Wunsch des Künstlers sehen, auf der Welt eine Spur zu hinterlassen? Der Kritiker Arnold Kohler und Spezialist für Olsommers Werk beantwortet diese Frage so: «So wie er seine Carnets intimes verfasste, <damit die künftigen Generationen wüssten, was sich in seiner Seele abspielte>, so zeichnete und malte er sein Abbild, damit dieses davon zeuge, was er war (4).» 1) Diese Selbstporträts in Seitenansicht realisierte der Künstler zwischen 1912 und 1925; die Reihe umfasst die folgenden Werke: Autoportrait, profil, 1912, Kohle und Farbstift auf Papier, 34,3 × 36,8 cm, Musée Olsommer, Veyras; Autoportrait à l’auréole, o. D. (um 1920/30), Rötel, Kohle und Tinte auf hellbraunem Papier, 28,4 × 28,2 cm, Musée Olsommer, Veyras; Portrait du solitaire Clos, 1925, Pastell, Tinte und Gold auf grauem Papier, 35,6 × 45,2 cm, Musée Olsommer, Veyras. 2) Charles-Clos Olsommer, Carnets intimes, 21. Januar 1921 (Privatsammlung, Veyras). 3) L’Etang sacré, 1913, Tempera auf Tafel, 70 × 70 cm, Kantonales Kunstmuseum, Lausanne. 49 Arnold Kohler, Un peintre mystique et symboliste: Charles-Clos Olsommer. Sa vie et son œuvre d’après ses carnets intimes et d’autres témoignages, Neuenburg: Baconnière, 1978, S. 185. in: “Charles-Clos Olsommer, Selbstporträt in jungen Jahren, o. D. (um 1923)”, in Das Kunstmuseum Wallis, Sitten - Sammeln inmitten der Alpen, dir. Pascal Ruedin, Sitten, Walliser Kantonsmuseen, Paris, Somogy, 2007, pp. 96 - 97, cat. no 31.