Frédéric Elsig et Pascal Ruedin, 2012 :
Raphy Dallèves (1878-1940), Vieille fileuse, “La Mayoraz”, 1914, tempera, gouache, aquarelle et crayon sur carton, 103 x 69 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 8, legs de l’artiste en 1940 La technique de l’œuvre, qui conjugue la mine de plomb et la tempera, se rattache à un goût européen, amorcé à la fin du XIXe siècle par les grandes expositions consacrées aux « Primitifs » italiens. Utilisée par Ernest Biéler dès l'hiver 1905/06, elle est adoptée à partir de 1906 par Raphy Dallèves qui en tire des effets de sécheresse graphique pour mieux traduire la rudesse de la vie rurale. Le tableau met en scène une vieille femme au travail. Vêtue du costume traditionnel du village d’Hérémence, elle est assise devant son rouet, en train de filer à l'intérieur d'un chalet de bois sombre. Elle est perçue de trois-quarts et légèrement en vue plongeante, selon un cadrage resserré, découpé à la hauteur des genoux. D'après l'inventaire des tableaux de Dallèves légués en 1940 à l’Etat du Valais et à la Ville de Sion, elle doit être identifiée avec Marie Mayoraz, que le peintre portraiture à plusieurs reprises dans les mêmes années. La scène revêt cependant une signification plus générique, en représentant l'authenticité et la spiritualité de la montagne et de ses habitants, épargnés par la modernité galopante. A travers son attachement nostalgique à la « race valaisanne », Raphy Dallèves s'inscrit dans un « primitivisme rural », diffusé autour de 1900 et qu'il traduit non seulement par sa technique, mais aussi par son style, à la recherche d'une pureté linéaire. La fileuse valaisanne est le symbole d’une société traditionnelle dont tous les produits – rouet, laine, paille, vêtements, habitat et mobilier – paraissent encore liés à l’ordre de la nature et de l’artisanat. Dallèves donne avec ce tableau l’image d’une société autarcique et organique, tirant l’essentiel de ses ressources de son environnement immédiat. Même la peau burinée de la vieille femme s’incorpore « naturellement » dans le fond en bois, un matériau brut et très présent qu’exalte aussi le cadre de l’œuvre. La mélancolie du sujet, le raffinement de l’exécution et l’obsession du détail ethnographique soulignent l’attachement de l’artiste à une culture paysanne qui disparaît sous ses yeux. Le tableau adapte également au primitivisme rural des éléments typiques de l’Art nouveau : réduction spatiale, graphisme et aplats décoratifs. Il élabore de la sorte une synthèse magistrale entre sujet régional et style international, qui rend l’œuvre adéquate aux collections urbaines. Signé et daté de 1914, le tableau est notamment présenté quatre ans plus tard dans l’exposition intitulée Drei Walliser Maler [Trois peintres du Valais]. Edmond Bille, Raphy Dallèves, Henry van Muyden, montrée successivement à Zurich et à Bâle. Comme d’autres, cette manifestation a largement participé à la diffusion, dans toute la Suisse, de l’image d’un Valais essentiellement rural. in: “Raphy Dallèves, Vieille fileuse, “La Mayoraz”, 1914”, dans L’Ecole de Savièse. Une colonie d’artistes au coeur des Alpes vers 1900, dir. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sion : Musée d’art, 2012, pp. 126-127. --- Raphy Dallèves(1878–1940), Alte Frau am Spinnrad, «La Mayoraz», 1914, Tempera, Gouache, Aquarell und Bleistift auf Karton, 103 × 69 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 8, Vermächtnis des Künstlers 1940 Die für dieses Werk angewendete Technik, eine Kombination von Farbstift und Tempera, knüpft an eine europäische Vorliebe an, die Ende des 19. Jahrhunderts durch die grossen, den italienischen Malern der Frührenaissance gewidmeten Ausstellungen eingeleitet wurde. Diese Technik verwendete ab Winter 1905/06 auch Ernest Biéler. Raphy Dallèves übernahm sie ab 1906, um so grafisch den Eindruck von Trockenheit zu erzielen und die Rauheit des ländlichen Lebens besser zum Ausdruck zu bringen. Das Gemälde zeigt eine alte Frau bei der Arbeit. In der traditionellen Tracht des Dorfes Hérémence sitzt sie am Spinnrad, im Innern eines Chalets aus dunklem Holz. Die Frau ist in Dreiviertelansicht leicht von oben herab dargestellt, der Bildausschnitt endet auf Kniehöhe. Laut dem Inventar der Gemälde, die im Jahr 1940 dem Staat Wallis und der Stadt Sitten vermacht wurden, handelt es sich bei der Frau um Marie Mayoraz, welche der Maler in diesen Jahren mehrere Male porträtierte. Dieser kommt jedoch eine allgemeinere Bedeutung zu, verkörpert sie doch die Authentizität und die Spiritualität der Berge und ihrer Bewohner, die von der damals rasch voranschreitenden Industrialisierung verschont blieben. Durch sein nostalgisches Festhalten an der «Walliser Rasse» steht Raphy Dallèves im Zusammenhang mit dem «ländlichen Primitivismus», der um 1900 verbreitet war; diesen vermittelt er nicht nur durch seine Technik, sondern auch durch seinen Stil, auf der Suche nach einer linearen Deutlichkeit. Die Walliser Spinnerin ist das Symbol einer traditionellen Gesellschaft, deren Produkte – Spinnrad, Wolle, Stroh, Kleidung, Wohnung und Möbel – noch mit der Ordnung der Natur und des Handwerks verbunden zu sein scheinen. Dallèves schildert mit diesem Gemälde das Bild einer autarken, organischen Gesellschaft, welche ihre Ressourcen im Wesentlichen aus der unmittelbaren Umgebung bezieht. Sogar die von Falten zerfurchte Haut der alten Frau gliedert sich «natürlich» in den hölzernen Hintergrund ein. Holz ist ein stark präsentes, raues Material, das ausserdem den Rahmen des Werks ziert. Die Melancholie des Motivs, die Feinheit der Ausführung und die Faszination für ethnografische Details unterstreichen das Festhalten des Künstlers an einer Bauernkultur, die vor seinen Augen verschwand. Ausserdem passt das Gemälde typische Elemente des Jugendstils an den ländlichen Primitivismus an: räumliche Einschränkung, dekorative Grafik und Flächen. Dem Künstler gelang eine meisterhafte Synthese zwischen regionalem Motiv und internationalem Stil, sodass das Werk auch für städtische Sammlungen angemessen war. Das mit 1914 datierte und signierte Bild wurde vier Jahre später namentlich im Rahmen der Ausstellung Drei Walliser Maler. Edmond Bille, Raphy Dallèves, Henry van Muyden in Zürich und dann in Basel gezeigt. Diese Veranstaltung trug unter anderen weitgehend zur gesamtschweizerischen Verbreitung des Bildes eines im Wesentlichen ländlichen Wallis bei. in: “Raphy Dallèves, Alte Frau am Spinnrad, “La Mayoraz”, 1914”, in Die Schule von Savièse. Eine Künstlerkolonie in den Alpen um 1900, Leit. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sitten : Kunstmuseum, 2012, S. 126-127.