Anne Gaillard, 2007 :
Ángel DUARTE (1930-2007), E.41.A.I., 1972, acier inoxydable, 83 x 96 x 106 cm, Musée d’art, Sion, inv. BA 1053, achat en 1980. Duarte est d'abord marqué par la rigueur d'artistes constructivistes comme Antoine Pevsner (1886-1962), Naum Gabo (1890-1977) ou Max Bill (1908-1994). Le Manifeste réaliste (1920) des deux premiers l'ouvre aux nouveaux matériaux et à une conception spatio-temporelle de la sculpture qui refuse la masse et le statisme. Toute l'œuvre de Duarte est basée sur la recherche et l'expérimentation. L'artiste la pratique souvent collectivement. Il fonde en 1957 l'Equipo 57 avec Agustin Ibarrola (*1930), Juan Serrano (*1929), Juan Cuenca (*1934) et José Duarte (*1928). En Valais, il fait figure d'avant-gardiste et stimule la scène artistique des années 1960 et 1970. Avec Walter Fischer (*1933) et Robert Tanner (*1940), il fonde en 1967 le Groupe Y, un collectif de recherche plastique inspiré des groupes cinétistes. C'est dans le cadre de l'Equipo 57 que Duarte développe une théorie sur l'organisation et la définition spatiales : l'interactivité, basée sur une conception unitaire et non-euclidienne de l'espace. Après la dissolution d’Equipo en 1965, il est le seul membre à poursuivre dans la voie expérimentale définie par le groupe. Il continue, par exemple, à réaliser de nombreux modules composés de paraboloïdes hyperboliques, comme E[scultura no]41 A[cier]I[noxydable]. Ses sculptures sont souvent des sortes de prototypes qui lui permettent de tester la théorie. C'est en 1958 que l'Equipo commence ses recherches sur les paraboloïdes. Celles-ci sont entreprises dans le but de trouver une forme géométrique mesurable, capable de traduire dans l'espace les principes qui définissent la théorie de l'interactivité et de suggérer le continuum spatial : « Nous tenons compte […] d'un seul espace et d'une surface qui distribue l'action de cet espace. Cette surface est en soi continue. Par sa double courbure concavo-convexe, cette surface dirige l'espace dans toutes les directions. La continuité active de l'espace implique la suppression de la surface plane ou courbe dans une seule direction, par leur incapacité d'interactivation avec l'espace (1). » Les paraboloïdes hyperboliques apparaissent dans les sculptures de Duarte comme des surfaces à double courbure inverse. Ce sont des modules définis par des polygones simples, carrés ou, le plus souvent, triangulaires ; présentant une double courbure, ils manifestent une forte tension dynamique. Ils marquent des lieux de passage entre deux espaces différenciés : plein et vide, extérieur et intérieur. A travers ses œuvres, Duarte s’inspire librement des nouveaux paradigmes scientifiques élaborés sur la base de la cybernétique des années 1950 : l'ensemble n'est pas réductible à l'addition des parties. Il possède des qualités nouvelles et émergentes, à l'instar d'un organisme naturel. 1. Texte d’Equipo 57, publié dans le catalogue de son exposition au Club Urbis à Madrid, avril 1959. in: “Ángel Duarte, E.41.A.I., 1972”, dans Le Musée d’art du Valais, Sion - Collectionner au cœur des Alpes, dir. Pascal Ruedin, Sion, Musées cantonaux, Paris, Somogy, 2007, pp. 136 - 137, cat. no 49. --- Angel DUARTE (1930-2007), E 41 AI, 1972, Edelstahl, 83 × 96 × 106 cm, Kunstmuseum Sitten, Inv. BA 1053, Ankauf 1980. Duarte wurde vorerst von der Gründlichkeit konstruktivistischer Künstler geprägt wie Antoine Pevsner (1886-1962), Naum Gabo (1890-1977) oder Max Bill (1908-1994). Das Realistische Manifest (1920) von Pevsner und Gabo machte ihn empfänglich für die neuartigen Materialien sowie für eine räumlich-zeitliche Auffassung der Plastik unter Ablehnung von Masse und Statik. Das gesamte Werk Duartes basiert auf Forschungen und Experimenten. Diese macht der Künstler oft im Kollektiv. So gründete er 1957 Equipo 57 zusammen mit Agustin Ibarrola (*1930), Juan Serrano (*1929), Juan Cuenca (*1934) und José Duarte (*1928). Im Wallis figurierte er als Vertreter der Avantgarde und stimulierte in den 1960er- und 1970er-Jahren die Kunstszene. Mit Walter Fischer (*1933) und Robert Tanner (*1940) gründete er 1967 die Gruppe Y, ein Kollektiv für plastische Forschungen, das von den kinetischen Gruppen inspiriert war. Im Rahmen von Equipo 57 entwickelte Duarte eine Theorie über die Organisation und die Definition des Raums: Die Interaktivität, basierend auf einer Auffassung des Raums als nicht euklidisch und einheitlich. Nach der Auflösung von Equipo im Jahr 1965 war er das einzige Mitglied, welches die vom Kollektiv definierte Experimentierrichtung weiter verfolgte. Er realisierte beispielsweise zahlreiche Module aus hyperbolischen Paraboloiden, wie auch E[scultura no]41 A[cier]I[noxydable] (Skulptur Nr. 41 Edelstahl). Bei seinen Plastiken handelt es sich oft um eine Art Prototypen, mit denen er seine Theorie testen kann. Im Jahr 1958 begann Equipo seine Forschungen im Bereich Paraboloide, mit dem Ziel, eine messbare geometrische Form zu finden, welche die Grundsätze der Interaktivitätstheorie räumlich umzusetzen und das räumliche Kontinuum anzudeuten vermag: «Wir tragen […] einem einzigen Raum Rechnung und einer Fläche, welche die Aktion dieses Raums verteilt. Diese Fläche ist an sich kontinuierlich. Durch ihre doppelte, konkav-konvexe Krümmung lenkt sie den Raum in alle Richtungen. Die aktive Kontinuität des Raums setzt die Aufhebung der flachen oder nur in einer Richtung gekrümmten Fläche voraus, da diese nicht mit dem Raum interagieren können. (1)» Die hyperbolischen Paraboloide erscheinen in Duartes Plastiken als Flächen mit doppelter gegensinniger Krümmung. Es handelt sich um Module, die aufgrund einfacher, quadratischer oder meist dreieckiger Polygone definiert sind; durch die doppelte Krümmung weisen sie eine starke dynamische Spannung auf. Sie kennzeichnen Übergänge zwischen unterschiedlichen Räumen: voll und leer, aussen und innen. Anhand seiner Werke lässt sich Duarte frei von den neuen wissenschaftlichen Paradigmen inspirieren, die in den 1950er-Jahren durch die Kybernetik ausgearbeitet wurden: Das Ganze lässt sich nicht auf die Summe der Einzelteile reduzieren. Es besitzt neu entstandene Eigenschaften, wie ein natürlicher Organismus. 1. Text von Equipo 57; veröffentlicht im Katalog zur Ausstellung im Club Urbis in Madrid, April 1959. in: “Ángel Duarte, E 41 AI, 1972”, in Das Kunstmuseum Wallis, Sitten - Sammeln inmitten der Alpen, dir. Pascal Ruedin, Sitten, Walliser Kantonsmuseen, Paris, Somogy, 2007, pp. 136 - 137, cat. no 49.