Edouard Vallet (1876 - 1929, peintre, graveur)
La Montagne en hiver / Das Gebirge im Winter / The Mountain in Winter
(La montagne rouge)


Picture

Laurent Sester et Pascal Ruedin, 2012 :

Edouard Vallet (1876-1929), La montagne en hiver, 1912, Huile sur toile, 92 x 92 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 595, achat en 1972 L'année de son second voyage en Allemagne, durant lequel il séjourne à Munich, Nuremberg et Dresde, Vallet peint deux compositions très proches : La montagne en hiver, ainsi qu’une variante de même format intitulée Le matin à la montagne (Fondation Coninx, Zurich). Cette période est marquée dans la production de l'artiste par des compositions frontales, particulièrement dans ces deux œuvres où les paysages représentés n'offrent qu'une section étroite de la montagne, le ciel étant limité à une mince bande supérieure. Par leur frontalité et leur massivité, les montagnes de Vallet traduisent l’ascendant, alors dominant en Suisse, de Ferdinand Hodler (1853-1918). Quant aux recherches d’appropriation picturale de la nature menées à la même époque par un Gustav Klimt (1862-1918), elles ne sont pas à négliger non plus. Mais ces deux modèles, parmi d’autres, soulignent surtout combien Vallet s’est forgé un langage propre à partir d’un répertoire éclectique du meilleur aloi. Un dessin préparatoire pour les deux variantes de cette image de la montagne permet de comprendre comment Vallet s’approprie le motif (1). Le point de vue et le cadrage y sont déjà définis, mais du dessin au tableau, Vallet purifie sa composition, en isolant la montagne, en simplifiant ses formes et son modelé, et en tassant un peu les bâtiments du hameau. Par ce processus de dépouillement, de géométrisation, voire de légère abstraction, l’artiste fait d’une montagne une forme pure, un signe, un symbole, bref une icône de la montagne. Le paysage représenté est le hameau de Riod près d'Hérémence et le Mont Seppey, aujourd’hui appelé Sex Pey. L'impression est écrasante : la montagne pèse de tout son poids sur le village, d'autant plus que celui-ci est vu en légère plongée, sans laisser d'échappatoire au regard. Occupant symétriquement la toile jusqu'à son bord supérieur, la montagne est bien le véritable sujet de l'œuvre. Vallet lui a destiné tous ses efforts de coloriste. La forêt de conifères est ponctuée de jaune-orangé, de mauve et de violet, appliqués en longues touches verticales ou obliques : ces couleurs indiquent-elles déjà le bourgeonnement, annonciateur d'une renaissance prochaine ? Vallet nous montre en tout cas un dialogue étroit et tendu, dans un environnement âpre, entre l'Homme et la Nature. (1) Wyder, Rouiller 2006, p. 528 in: “Edouard Vallet, La montagne en hiver, 1912”, dans L’Ecole de Savièse. Une colonie d’artistes au coeur des Alpes vers 1900, dir. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sion : Musée d’art, 2012, pp. 236-237. --- Edouard Vallet (1876–1929), Der Berg im Winter, 1912, Öl auf Leinwand, 92 × 92 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 595, Ankauf 1972 Im Jahr seiner zweiten Deutschlandreise, auf der er sich in München, Nürnberg und Dresden aufhielt, malte Vallet zwei sehr ähnliche Kompositionen: Der Berg im Winter sowie eine Variante im selben Format mit dem Titel Am Morgen in den Bergen (Conix-Stiftung, Zürich). Diese Zeit in der Produktion des Künstlers ist von Frontalkompositionen geprägt, insbesondere wie diese beiden Werke, die von der Landschaft nur einen knappen Ausschnitt des Berges zeigen und den Himmel auf einen schmalen Streifen beschränken. Durch ihre Frontalität und ihre Wuchtigkeit vermitteln Vallets Berge den damals in der Schweiz sehr starken Einfluss Ferdinand Hodlers (1853–1918). In Bezug auf die bildliche Aneignung der Natur ist auch der Einfluss Gustav Klimts (1862–1918), der diese damals entwickelte, nicht zu leugnen. Diese beiden Vorbilder betonen jedoch unter anderem, dass Vallet, ausgehend von einem hervorragenden eklektischen Repertoire, seine eigene Ausdrucksweise entwickelt hatte. Anhand einer vorbereitenden Zeichnung für die beiden Varianten dieses Bergbildes kann man verstehen, wie sich Vallet das Motiv aneignete (1). Der Blickwinkel und der Bildausschnitt waren darin bereits festgelegt, doch von der Zeichnung zum Gemälde läuterte Vallet seine Komposition, indem er den Berg isolierte, Formen und Relief vereinfachte sowie die Gebäude des Weilers etwas zusammendrängte. Durch diese Bereinigung, Geometrisierung, ja leichte Abstraktion, machte der Künstler den Berg zu einer reinen Form, zu einem Zeichen, einem Symbol, kurz zu einer Ikone des Berges schlechthin. Bei der abgebildeten Landschaft handelt es sich um den Weiler Riod in der Nähe von Hérémence und den Mont Seppey, heute Sex Pey genannt. Die Wirkung ist erdrückend: Der Berg presst mit seiner gesamten Last auf das Dorf; der Eindruck wird dadurch noch verstärkt, dass das Dorf leicht von oben herab dargestellt ist und dem Blick des Betrachters kein Ausweg gelassen wird. Der symmetrisch bis zum oberen Bildrand reichende Berg ist das eigentliche Motiv des Werks. Vallet widmete dessen farblicher Gestaltung grosse Aufmerksamkeit. Der Tannenwald ist mit gelborangen, malvenfarbigen und violetten Farbtupfern aufgehellt, die in langen vertikalen oder schrägen Pinselstrichen angebracht sind: Deuten diese Farben bereits auf die austreibenden Knospen hin, in Ankündigung des bevorstehenden Frühlings? Auf jeden Fall zeigt uns Vallet den festen, gespannten Dialog zwischen Mensch und Natur in einer rauen Umgebung. (1) Bernard Wyder, Jacques Dominique Rouiller, Catalogue raisonné de l’œuvre peint d’Edouard Vallet, Genf, 2006, S. 528 in: “Edouard Vallet, “Der Berg im Winter, 1912” in Die Schule von Savièse. Eine Künstlerkolonie in den Alpen um 1900, Leit. Pascal Ruedin, Milan : 5 Continents, Sitten : Kunstmuseum, 2012, S. 236-237.