Angel Duarte (1930 - 2007, sculpteur, plasticien et mathématicien)
V 52


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Maéva Besse, 2017 :

Angel Duarte (1930-2007), V 52, s. d., glace trempée et néon, 42 x 42.6 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 647, achat en 1974 Sérigraphie sur verre éclairée par un néon et intégrée dans un caisson carré en aluminium, V 52 (1) est une œuvre d’Angel Duarte qui date probablement du milieu des années 1960, époque où le plasticien espagnol est déjà installé à Sion. Figure importante de la scène artistique locale des années 1960-1970 et artiste engagé, il est à l’origine de la création de plusieurs associations d’artistes dans le canton du Valais jusqu’au début des années 1990. Après avoir fui le régime politique de Franco et s’être rendu à Paris pour étudier à l’Ecole des Beaux-Arts, Duarte cofonde Equipo 57, un groupe d’artistes espagnols dont les œuvres expérimentales cinétiques questionnent notamment le pouvoir des galeries et du marché de l’art (2). Arrivé en Valais en 1961, il continue de signer ses œuvres avec le nom du collectif, jusqu’à la dissolution de ce dernier en 1965, suite à laquelle il réalise plusieurs tableaux et sculptures personnels, comme V 52. Deux ans plus tard, Duarte fonde avec Walter Fischer (*1933) et Robert Tanner (*1943) le Groupe Y qui s’intéresse à la continuité de l’espace, déjà abordée par Max Bill (1908-1994) dans ses Rubans sans fin dès 1935. V 52 s’inscrit dans cette période de recherches, avant qu’Angel Duarte ne se tourne vers la sculpture concrète monumentale, basée sur la fonction mathématique du paraboloïde hyperbolique. L’œuvre présente une surface rétroéclairée qui apparaît dans la découpe circulaire du cadre en stratifié. La forme ronde de cette zone accentue les torsions créées par la différence de longueur et d’inclinaison des lignes droites laissées transparentes sur le fond noir qui recouvre le verre. Ici, le vide devient volume grâce à ces stries. Par leurs positions et leurs espacements réguliers, ces dernières se rejoignent et constituent trois formes distinctes, courbes et abstraites, donnant l’illusion d’une profondeur sur la surface en deux dimensions. Dans sa conception, cette gravure lumineuse est marquée par la rigueur constructiviste développée en 1920 dans le Manifeste réaliste des frères et sculpteurs russes Antoine Pevsner (1884-1962) et Naum Gabo (1890-1977) (3). En effet, l’attention portée par Duarte à l’espace plutôt qu’à la masse et à la ligne constitutive du volume n’est pas sans rappeler les surfaces géométriques et les courbes réalisées par un réseau de fils de nylon tendus dans les œuvres plastiques de Gabo (4). Avec ses limites entre les vides et les pleins, entre les droites et la zone sérigraphiée, ainsi que ses jeux de lumières sur les sinuosités, V 52 annonce déjà les grandes commandes publiques d’Angel Duarte. Les recherches sur la construction de l’espace font de ce chercheur infatigable une véritable figure d’avant-garde en Valais. 1) Le titre fait référence au matériau utilisé, du verre, et renvoie au nombre d’œuvres produites, soit 52. 2) Isabelle Darioly, « Dialogue avec Angel Duarte », in Les Ateliers de la Ferme-Asile s’exposent : Françoise Allet, Berclaz de Sierre, Angel Duarte, Robert Hofer, Laurent Possa, Pierre-Alain Zuber, cat.exp., Sion: La Ferme-Asile, 1999. 3) Antoine Pevsner et Naum Gabo, Manifeste réaliste, Moscou, 2e imprimerie d’Etat, 5 août 1920. 4) Naum Gabo, Linear Construction n°1, 1942-1943, perspex et nylon, 34.9 x 34.9 x 8.9 cm, Londres, Tate. --- Angel Duarte (1930–2007), V 52, o. D., Hartglas und Neon, 42 x 42.6 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 647, Ankauf 1974 V 52 (1), ein Siebdruck auf neonbeleuchtetem Glas, der in eine quadratische Aluminiumbox montiert ist, wurde wahrscheinlich in der Mitte der 1960er-Jahre von dem spanischen Künstler Angel Duarte geschaffen, der damals bereits in Sitten ansässig war. Als bedeutender Vertreter der lokalen Kunstszene in den 1960er- und 1970er-Jahren und als engagierter Künstler war er bis in die frühen 1990er-Jahre an der Gründung mehrerer Walliser Künstlergruppierungen beteiligt. Nach der Flucht vor dem Franco-Regime und einem Aufenthalt in Paris, um an der Ecole des Beaux-Arts zu studieren, ist Duarte einer der Gründer von Equipo 57, einer Gruppe spanischer Künstler, deren experimentelle kinetische Werke vor allem die Macht der Galerien und des Kunstmarkts in Frage stellen (2). Nach seiner Niederlassung im Wallis im Jahr 1961 signiert er seine Arbeiten weiterhin mit dem Namen des Kollektivs, bis sich dieses 1965 auflöst. Anschliessend produziert er mehrere persönliche Bilder und Skulpturen, darunter V 52. Zwei Jahre später gründet Duarte mit Walter Fischer (*1933) und Robert Tanner (*1943) die Groupe Y, die sich mit der Kontinuität des Raums beschäftigt, wie dies Max Bill (1908–1994) bereits 1935 mit seinen Unendlichen Schleifen getan hat. V 52 ist Teil dieser Suche, bevor sich Angel Duarte der konkreten Monumentalskulptur zuwendet, die auf der mathematischen Funktion des hyperbolischen Paraboloids gründet. Das Werk hat eine hinterleuchtete Fläche, die im kreisförmigen Ausschnitt des laminierten Rahmens erscheint. Die runde Form dieses Bereichs betont die Verdrehungen, die durch die unterschiedliche Länge und Neigung der geraden Linien entstehen, welche auf dem schwarzen Grund, der das Glas bedeckt, transparent belassen sind. Dank dieser Streifen wird die Leere zum Volumen, da sie durch ihre gleichmässigen Positionen und Abstände zusammentreffen und drei geschwungene abstrakte Formen bilden, die den Eindruck von Tiefe auf der zweidimensionalen Fläche erwecken. Diese leuchtende Grafik ist in ihrer Konzeption von der konstruktivistischen Strenge geprägt, welche die russischen Brüder und Bildhauer Antoine Pevsner (1884–1962) und Naum Gabo (1890–1977) 1920 im Realistischen Manifest forderten (3). Tatsächlich erinnert die Aufmerksamkeit, die Duarte mehr auf den Raum als auf die Masse und die konstituierende Linie des Volumens richtet, an die geometrischen Flächen und Kurven, die in Gabos plastischen Arbeiten durch ein Netz gespannter Nylonfäden entstehen (4). Mit seinen Abgrenzungen zwischen Fülle und Leere, zwischen geraden Linien und Siebdruckfläche sowie mit seinen die Krümmungen hervorhebenden Lichteffekten kündigt V 52 bereits Duartes grosse öffentliche Aufträge an. Die Beschäftigung mit der Raumkonstruktion macht den unermüdlichen Forscher zu einer wahren Avantgarde-Figur des Wallis. 1) Das V des Titels bezieht sich auf das verwendete Material (verre: Glas), die Zahl 52 auf die Menge der produzierten Werke. 2) Isabelle Darioly, «Dialogue avec Angel Duarte», in Les ateliers de la Ferme-Asile s’exposent: Françoise Allet, Berclaz de Sierre, Angel Duarte, Robert Hofer, Laurent Possa, Pierre-Alain Zuber, Ausst.-Kat., Sitten, La Ferme-Asile, 1999. 3) Antoine Pevsner und Naum Gabo, Realisticheskii Manifest (Realistisches Manifest), Moskau, 2. Staatsdruckerei, 5. August 1920. 4) Naum Gabo, Linear Construction No. 1, 1942–1943, Perspex und Nylon, 34.9 x 34.9 x 8.9 cm, London, Tate.