Marguerite Burnat-Provins (1872 - 1952, peintre, écrivaine, illustratrice, décoratrice)
Portrait de la soeur de l’artiste / Porträt der Schwester der Künstlerin / Portrait of the artist's sister


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Muriel Eschmann Richon et Céline Eidenbenz, 2017 :

Marguerite Burnat-Provins (1872-1952), Portrait de la sœur de l’artiste, s.d. [vers 1900], aquarelle, encre et crayon sur papier, 37 x 31 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 503, achat en 1968 Marguerite Burnas-Provins, aînée d’une fratrie de huit enfants et issue d’une famille aisée d’Arras (Pas-de-Calais), peint, vers l’âge de 28 ans, sa sœur Marthe, de quinze mois sa cadette (1). Cette dernière y est représentée de façon ambivalente dans un portrait de style Art nouveau qui combine une féminité affirmée et des traits marqués à une grande sensualité, teintée de fragilité. Le long nez fin, les yeux en amande, les sourcils épais et marqués, l’ample chevelure rousse, la bouche rouge et charnue et la nudité de Marthe, telle une Eve moderne, marquée par un cou très allongé, s’opposent à son regard mélancolique, dont on ne sait s’il fixe le spectateur. La délicatesse du trait et la transparence de l’aquarelle soulignent le caractère éphémère de la nature, représenté par la première feuille jaune de l’arbuste dans lequel le modèle semble être pris, voire piégé. Seule l’oreille gauche de Marthe est représentée dans ce portrait de trois-quarts. D’un rouge vif, son pavillon rappelle celui de la bouche gourmande du modèle, dont la forme évoque un motif végétal. Au-delà d’un parti pris esthétique, ces rappels de couleurs pourraient aussi favoriser les ambiguïtés de forme, cette oreille vermeille devenant ainsi une sorte de fruit défendu, ouvrant sur la sensualité de cette jeune fille à la fleur de l’âge. La dimension charnelle du modèle, le regard mélancolique et la plante sur le déclin sont emblématiques de la nostalgie du paradis perdu que Marguerite Burnat-Provins n’a cessé de poursuivre, entre passion enflammée et solitude amère. Les premières années du XXe siècle correspondent à une période très productive chez Burnat-Provins – avec nombre de portraits stylisés et de compositions ornementales. L’assimilation de la femme à la nature se retrouve de façon récurrente dans son œuvre, notamment dans Jeune fille de Savièse (2) ou Femme à la feuille de courge (3). Ernest Biéler, fidèle ami de Marguerite Burnat-Provins et chef de file de l’Ecole de Savièse, réalise d’ailleurs lui aussi des compositions de ce type (4), comme d’ailleurs la plupart des représentants de l’Art nouveau, dont les plus célèbres sont Alphonse Mucha à Paris ou Fernand Khnopff à Bruxelles. 1) Paul de Kalbermatten, deuxième mari de l’artiste, a visiblement ajouté la mention postérieure suivante au dos de l’œuvre : « Portrait de sa sœur Marie-Thérèse Provins ». Or, Marie-Thérèse aurait eu 8 ans en 1900. Nous proposons donc une réidentification du modèle en suggérant que Marthe, deuxième enfant des Provins après Marguerite et âgée de 26 ans en 1900, a servi de modèle. La rousseur de Marthe est, en outre, bien connue. Non datée, l’œuvre a probablement été créée vers 1900, comme on peut le déduire selon son style Art nouveau et le parcours artistique de Marguerite Burnat-Provins (Catherine Dubuis et Pascal Ruedin, Marguerite Burnat-Provins, Lausanne, Payot, 1994, p. 66). 2) Jeune file de Savièse, 1900, crayon, fusain, pastel, aquarelle et gouache sur papier de couleur, 37 x 54.5 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 537. 3) Femme à la feuille de courge, s.d. (1902), fusain, pastel, craie, aquarelle et gouache sur papier de couleur, 52.5 x 49.5 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA D 725. 4) Ernest Biéler, Portrait de jeune femme, s.d. [vers 1907], aquarelle, gouache et crayon sur papier marouflé sur carton, 26.5 x 26.2 cm, Musée d’art, Sion, inv. BA 2289. --- Marguerite Burnat-Provins (1872-1952), Porträt der Schwester der Künstlerin, o. D. [um 1900], Aquarell, Tinte und Bleistift auf Papier, 37 x 31 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 503, Ankauf 1968 Marguerite Burnat-Provins, das älteste von acht Kindern einer wohlhabenden Familie in Arras (Pas-de-Calais), malt, als sie etwa 28 Jahre alt ist, ihre fünfzehn Monate jüngere Schwester Martha (1). Diese ist auf ambivalente Weise in einem Jugendstil-Porträt dargestellt, das ausgeprägte Weiblichkeit und markante Züge mit grosser, von Zerletzlichkeit geprägter Sinnlichkeit verbindet. Eine lange, feine Nase, mandelförmige Augen, dicke, ausgeprägte Augenbrauen, üppiges rotes Haar, rote, fleischige Lippen, ein sehr langer Hals und die Nacktheit, die Martha einer modernen Eva gleichen lässt, stehen im Gegensatz zu ihrem melancholischen Blick, von dem man nicht weiss, ob er auf den Betrachter gerichtet ist. Die Zartheit des Strichs und die Transparenz des Aquarells unterstreichen den vergänglichen Charakter der Natur; dieser wird durch das erste gelbe Blatt des Strauchs angedeutet, in dem sich das Modell offenbar verfangen hat. Nur Marthas linkes Ohr ist in diesem Dreiviertelbildnis dargestellt. Die leuchtend rote Ohrmuschel erinnert an den üppigen Mund des Modells, dessen Form auf ein pflanzliches Motiv anspielt. Über ein ästhetisches Bestreben hinaus könnten diese farblichen Wiederaufnahmen auch formale Vieldeutigkeiten fördern, so dass das zinnoberrote Ohr zu einer Art verbotener Frucht wird und die Sinnlichkeit dieser blühenden jungen Frau anzudeuten scheint. Die körperliche Ausstrahlung des Modells, der melancholische Blick und die welkende Pflanze sind charakteristisch für die Sehnsucht nach dem verlorenen Paradies, das Marguerite Burnat-Provins zwischen feuriger Leidenschaft und bitterer Einsamkeit unaufhörlich gesucht hat. Die frühen Jahre des 20. Jahrhunderts sind für Burnat-Provins eine sehr produktive Zeit, in der viele stilisierte Bildnisse und Ornamentkompositionen entstehen. Die Gleichsetzung zwischen Frau und Natur ist in ihrer Arbeit immer wieder zu beobachten, insbesondere in Jeune fille de Savièse (Junge Savieserin) (2) oder Femme à la feuille de courge (Frau mit Kürbisblatt) (3). Ernest Biéler, Marguerites treuer Freund und führender Kopf der Schule von Savièse, malt ebenfalls derartige Kompositionen (4), wie übrigens die meisten Künstler des Jugendstils, zu dessen berühmtesten Vertretern Alphonse Mucha in Paris und Fernand Khnopff in Brüssel zählen. 1) Offensichtlich brachte Paul de Kalbermatten, der zweite Ehemann der Künstlerin, nachträglich auf der Rückseite des Bilds die Angabe «Portrait de sa sœur Marie-Thérèse Provins» an. Da Marie-Thérèse 1900 lediglich acht Jahre alt war, schlagen wir eine andere Identifizierung des Modells vor und vermuten, dass Martha, nach Marguerite die zweitälteste Tochter der Provins, die 1900 26 Jahre alt war, Modell sass. Marthas Sommersprossen sind zudem gut belegt. Das undatierte Werk entstand wohl um 1900, wie man aus seinem Jugendstilcharakter und dem künstlerischen Werdegang von Marguerite Burnat-Provins schliessen kann (Catherine Dubuis et Pascal Ruedin, Marguerite Burnat-Provins, Lausanne, Payot, 1994, S. 66). 2) Jeune fille de Savièse (Junge Savieserin), 1900, Bleistift, Kohle, Pastell, Aquarell und Gouache auf Farbpapier, 37 x 54.5 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 537. 3) Femme à la feuille de courge (Frau mit Kürbisblatt), o. D. [1902], Kohle, Pastell, Kreide, Aquarell und Gouache auf Farbpapier, 52.5 x 49.5 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA D 725. 4) Ernest Biéler, Portrait de jeune femme (Bildnis einer jungen Frau), o. D. [um 1907], Aquarell, Gouache und Bleistift auf Papier auf Karton, 26.5 x 26.2 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 2289.