Edouard Vallet (1876 - 1929, peintre, graveur)
Eglise de Rarogne / Die Kirche von Raron / Rarogne Church


Picture

Isabelle de le Court, 2017 :

Édouard Vallet (1876-1929), Eglise de Rarogne, 1924, huile sur toile, 38 x 45.8 cm. Musée d’art du Valais, Sion. Dépôt de l’Hoirie Edouard Vallet, 2007. Inv. BA 2909 Ce petit tableau d’Edouard Vallet fait suite à une eau-forte (1922) et une étude à l’huile sur carton (1924) (1). Il représente une vue en contre-plongée de l’Eglise de Rarogne et du château attenant, situés sur la partie rocheuse d’une colline surplombant le village. Les deux bâtiments se détachent de l’étendue de rocher sombre, comportant de nombreux replis, sur lesquels se déploie une végétation de couleur rousse, évocation de l’automne. Le choix du cadre est net, original et donne une nouvelle dimension au site choisi par l’artiste. La composition géométrique, quasi pyramidale de la colline, ne va pas sans rappeler les représentations par Vallet du bourg de Saillon (1920, 1923) ou de la colline de Valère (1921). Plus qu’un paysage, c’est une atmosphère que le peintre nous transmet, celle d’un moment d’automne où la désolation éphémère de la végétation forme un contraste avec les tons bleutés et blancs du ciel et des nuages. La sœur de l’artiste Marie Pichereau-Vallet le décrit de la façon suivante : « Profondément grave par le choix des sujets, la peinture de Vallet reflète une ombre de mélancolie par l’emploi préféré des tons voilés, le gris brun et le verdâtre, le bleu foncé, rarement le rouge. Chez lui, c’est toujours l’automne » (2). L’artiste privilégie l’aspect minéral, qui recouvre ici deux tiers du tableau, thème souligné à maintes reprises dans son œuvre : « Vallet aime la solidité de la roche, ainsi que la qualité physique de la végétation, ses broussailles fauves, ses arbres aux couleurs changeantes, selon les saisons. » (3) Vallet témoigne ici du rythme lent de l’existence montagnarde, soumise au cycle des saisons. Aucun personnage ne vient troubler cette contemplation automnale. Les motifs de l’église et de l’automne suscitent des interprétations diverses : petitesse de l’être humain par rapport à la nature et à l’Eglise, fugacité de la vie humaine, etc. La sérénité qui s’en dégage pourrait également rendre hommage à la foi ainsi qu’aux rituels religieux processionnaires dont la peinture et l’œuvre gravée de Vallet témoignent de façon récurrente depuis son installation dans sa maison de Vercorin en 1914 et le décès de sa première épouse, Marguerite Vallet-Gilliard, en 1918. Cette même année (1922), Vallet peint un autre tableau de l’église de Vercorin, également dépourvu de personnages. L’année suivante, il reprend le motif de cette église, des processions du dimanche et des jours de fêtes. On retrouve dans cette représentation de l’église de Rarogne une thématique chère à l’artiste : celle des liens entre la nature et la religion, entre la vie et la mort, entre le réel et le sacré, évoqués ici par la seule présence de l’église en surplomb. Le spectateur distingue clairement le muret délimitant le cimetière, où sera enseveli le poète Rainer Maria Rilke deux ans après l’exécution de cette œuvre. 1) Bernard Wyder, Edouard Vallet, Images nomades, Pully, EXPUL, 1995, p. 42 et Bernard Wyder et Jacques Dominique Rouiller, Catalogue raisonné de l’œuvre peint d’Edouard Vallet, Genève, Patrick Cramer Editeur, 2006, p. 468. cat. no 562 et 561. 2) Marie Pichereau-Vallet, « L’artiste », in Edouard Vallet, Martiny, Fondation Pierre Giannada, 2006, p. 24. 3) Wyder et Rouiller, op. cit., p. 109. --- Edouard Vallet (1876–1929), Kirche von Raron, 1924, Öl auf Leinwand, 38 x 45.8 cm. Kunstmuseum Wallis, Sitten. Leihgabe der Erbengemeinschaft Edouard Vallet, 2007. Inv. BA 2909 Dieses kleine Bild von Edouard Vallet folgt auf eine Radierung (1922) und eine Ölstudie auf Karton (1924) (1). Es stellt die Kirche von Raron und die benachbarte Burg, die einen Felshügel oberhalb des Dorfes bekrönen, von einem tiefer gelegenen Standort aus dar. Die beiden Gebäude heben sich von der dunklen Felspartie ab, die mehrere Falten aufweist und von einer herbstlich anmutenden rötlichen Vegetation bedeckt ist. Der klare, ungewöhnliche Bildausschnitt verleiht dem vom Künstler gewählten Ort eine neue Dimension. Die fast pyramidenförmige geometrische Form des Hügels erinnert an Vallets Darstellungen des Städtchens Saillon (1920, 1923) oder des Hügels von Valère (1921). Der Maler übermittelt uns nicht so sehr eine Landschaft als eine Stimmung, jene eines herbstlichen Augenblicks, in dem die vorübergehende Trostlosigkeit der Vegetation einen Gegensatz zu den blauen und weissen Tönen des Himmels und der Wolken bildet. Marie Pichereau-Vallet, die Schwester des Künstlers, meint dazu: «In Vallets aufgrund der Sujetwahl tiefernster Malerei spiegelt sich ein Schatten von Melancholie, der durch den bevorzugten Einsatz gedeckter Töne – Graubraun, Aschgrau, Dunkelblau, selten Rot – hervorgerufen wird. Bei ihm ist stets Herbst.» (2) Der Künstler privilegiert den mineralischen Aspekt, der hier zwei Drittel des Bildes bestimmt, ein Thema, das er in seinem Werk des Öfteren behandelt: «Vallet liebt die Solidität des Felsens und die physische Beschaffenheit der Vegetation, ihr wildes Dickicht, ihre Bäume mit den je nach Jahreszeit wechselnden Farben.» (3) Hier hält er den gemächlichen Rhythmus des vom Wechsel der Jahreszeiten bestimmten Berglebens fest. Keine Person stört diese herbstliche Betrachtung. Motive wie Kirche und Herbst lassen verschiedene Deutungen zu: Winzigkeit des Menschen im Verhältnis zu Natur und Bauwerk, Flüchtigkeit des menschlichen Lebens usw. Die Gelassenheit, die zu spüren ist, könnte zugleich auch dem Glauben und den religiösen Prozessionsriten Ehre erweisen, die in der Malerei und Druckgrafik Vallets häufig vorkommen, seit er 1914 sein Haus in Vercorin bezogen hat und 1918 seine erste Frau, Marguerite Vallet-Gilliard, gestorben ist. Im gleichen Jahr (1922) malt Vallet ein weiteres Bild der Kirche von Vercorin, auf dem ebenfalls keine Personen zu sehen sind. Im folgenden Jahr greift er erneut das Motiv dieser Kirche sowie der Sonntags- und Feiertagsprozessionen auf. Man findet in dieser Darstellung der Kirche von Raron eine dem Künstler teure Thematik wieder: jene der Beziehungen zwischen Natur und Religion, Leben und Tod, dem Realen und dem Sakralen, auf die hier einzig die Präsenz der hochgelegenen Kirche anspielt. Der Betrachter erkennt deutlich das Mäuerchen, das den Friedhof begrenzt, auf dem zwei Jahre nach Vollendung dieses Bilds der Dichter Rainer Maria Rilke zur letzten Ruhe gebettet wird. 1) Bernard Wyder, Edouard Vallet. Images nomades, Pully: EXPUL 1995, S. 42, und Bernard Wyder und Jacques Dominique Rouiller, Catalogue raisonné de l’œuvre peint d’Edouard Vallet, Genf: Patrick Cramer Editeur 2006, S. 468, Kat.-Nr. 562 und 561. 2) Marie Pichereau-Vallet, «L’artiste», in: Edouard Vallet, Martigny: Fondation Pierre Gianadda 2006, S. 24. 3) Bernard Wyder und Jacques Dominique Rouiller, a. a. O., S. 109.