Yann Gross (* 1981, photographe, vidéaste)
Avalanche 3 / Lawine 3 / Avalanche 3
(Lavina)


Picture

Maéva Besse, 2017 :

Yann Gross (*1981), Avalanche 3, 2006, tirage photographique contrecollé sur aluminium (5/9), 125 x 100 cm, Musée d’art du Valais, Sion, inv. BA 3316, achat en 2013 Avalanche 3, réalisée par Yann Gross en 2006, appartient à la série Lavina débutée par l’artiste veveysan deux ans plus tôt. Le photographe, accompagné de guides et d’experts de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (Davos), s’intéresse ici aux coulées préventives déclenchées artificiellement par explosifs avant l’arrivée des touristes et skieurs. Sa démarche, artistique et non documentaire, a pour but de rendre compte de la puissance de l’avalanche. Yann Gross se concentre donc sur ce phénomène physique et insiste sur son intensité et sa grandeur. L’éboulement s’oppose alors aux arbres et chalets enneigés des environs, devenus soudain fragiles face à la force de la nature. Phénomène esthétique, l’avalanche traverse l’image alors que la neige en mouvement se fige, comme métamorphosée en une sculpture. La réalisation d’une telle photographie est une prouesse. En effet, l’artiste doit grimper en peau de phoque sur le versant de la montagne faisant face à l’avalanche et trouver une perspective dégagée, en s’encordant parfois à des arbres ou à des rochers (1). D’un point de vue technique, Yann Gross choisit d’utiliser la photographie argentique. Ainsi, il lui est compliqué de prendre des clichés en rafale et il doit donc décider du moment idéal pour déclencher sa prise de vue. En plus de l’instant parfait à saisir, la lumière et la dimension de l’avalanche participent à la réussite de l’épreuve. Ces difficultés, qui font la rareté de ces tirages, ne sont pas sans rappeler le défi matériel des débuts de la photographie de montagne, dans les années 1850-1870. A cette époque, pour documenter les hauteurs, les photographes emportent avec eux l’équivalent d’environ 250 kilos de matériel tout en affrontant l’environnement hostile des sommets (2). De nos jours, les dangers liés à la montagne sont mieux maîtrisés, notamment grâce à la conquête et l’exploitation de ces espaces par le tourisme. Dans sa série sur les avalanches, Yann Gross s’intéresse ainsi à la marque laissée par l’être humain sur cette nature aujourd’hui en partie domptée, autrefois considérée comme terrifiante et sublime. Si l’artiste formé à l’Ecole cantonale d’Art de Lausanne (ECAL) interroge souvent les notions d’appartenance et d’identité, en s’intéressant à des sous-cultures dans lesquelles il s’immerge, le processus de création de ces photographies d’avalanches n’est pas si différent. En effet, Yann Gross a cherché à s’intégrer dans le cercle des pisteurs et des guides de montagne avant de réaliser cette série et de s’interroger sur la montagne comme emblème national. 1) Geneviève Ruiz, « Des avalanches hors du temps », in Hémisphères, n° 2 (2012), p. 45. 2) Elisabeth Foch, La Montagne des photographes, Paris, Bordas, 1989, p. 37. --- Yann Gross (*1981), Avalanche 3, 2006, Fotoabzug auf Aluminium (5/9), 125 x 100 cm, Kunstmuseum Wallis, Sitten, Inv. BA 3316, Ankauf 2013 Die von Yann Gross 2006 geschaffene Fotografie Avalanche 3 (Lawine 3) gehört zu der Serie Lavina, die der Künstler aus Vevey zwei Jahre zuvor begonnen hatte. Begleitet von Führern und Experten des Instituts für Schnee- und Lawinenforschung Davos, interessiert sich der Fotograf hier für die künstliche Lawinenauslösung durch Sprengstoff, bevor Touristen und Skifahrer das gefährdete Gebiet betreten. Sein künstlerischer und nicht-dokumentarischer Ansatz zielt darauf ab, von der Kraft der Lawine zu zeugen. Deshalb konzentriert er sich auf dieses physikalische Phänomen und betont dessen Intensität und Grösse. Die Lawine bildet einen Gegensatz zu den schneebedeckten Bäumen und Chalets der Umgebung, die angesichts der Naturgewalt plötzlich fragil erscheinen. Als ästhetisches Phänomen fegt die Lawine durch das Bild, während die rutschenden Schneemassen erstarren, als hätten sie sich in eine Skulptur verwandelt. Ein solches Foto zu schiessen ist eine Meisterleistung. Tatsächlich muss der Künstler mit Skifellen den der Lawine gegenüberliegenden Berghang emporsteigen und einen Ort mit freier Aussicht finden, wobei er sich manchmal an Bäumen oder Felsen anseilt (1). In technischer Hinsicht hat sich Yann Gross für die analoge Fotografie entschieden. So ist es schwierig für ihn, Sequenzaufnahmen zu machen, und er muss sich für den idealen Zeitpunkt entscheiden, um auf den Auslöser zu drücken. Neben dem richtigen Augenblick tragen das Licht und die Grösse der Lawine zu einer geglückten Aufnahme bei. Diese Schwierigkeiten, auf denen die Seltenheit dieser Abzüge beruht, erinnern an die materielle Herausforderung der Anfangszeit der Bergfotografie in den Jahren 1850–1870. Um damals in grosser Höhe Fotos zu schiessen, nahmen die Fotografen etwa 250 Kilo Ausrüstung mit und hatten zugleich der feindlichen Umgebung der Gipfel zu trotzen (2). Heute werden die Gefahren im Gebirge besser gemeistert, was insbesondere auf die Eroberung und Nutzung dieser Gebiete durch den Tourismus zurückzuführen ist. Yann Gross interessiert sich daher in seiner Lawinen-Serie für die Spuren, die der Mensch in dieser heute teilweise gebändigten, einst als erschreckend und erhaben betrachteten Natur hinterlässt. Wenn man bedenkt, dass der an der Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL) ausgebildete Künstler häufig Fragen nach Zugehörigkeit und Identität stellt und sich für Subkulturen interessiert, in die er eintaucht, scheint der Herstellungsprozess dieser Lawinenfotografien kaum anders zu sein. Tatsächlich suchte sich Yann Gross in den Kreis der Pistenwärter und Bergführer zu integrieren, bevor er diese Serie schuf und sich Fragen über den Berg als nationales Wahrzeichen stellte. 1) Geneviève Ruiz, «Des avalanches hors du temps», in Hémisphères, Nr. 2 (2012), S. 45. 2) Elisabeth Foch, Berge der Photographen – Photographen der Berge, Bern, Benteli, 1990, S. 37.