Wofgang-Adam Töpffer (1766 - 1847, peintre de genre et de paysage, aquarelliste, caricaturiste, graveur)
Le port de St. Gingolph / Der Hafen von St-Gingolph (Skizze / Joséphine) / St. Gingolph harbour


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Lucien Boissonnas, 2014 :

Wolfgang-Adam Töpffer (1766-1847), Le port de St. Gingolph (esquisse / Joséphine), avant 1814, huile sur toile, Musée d'art du Valais, Sion, inv. BA 3318 À part les moustiques qui ne lui laissent pas de répit, le peintre se plaît beaucoup en ce port et il semble que c'est là qu'il a trouvé son indépendance: « Je suis toujours dans mon trou à St. Gingo, ma chère femme, c'est un endroit bien amusant. J'avais craint d'abord de ne pouvoir y rester sans ennui, mais il se trouve que je m'accoutume très bien à ma société, je ne craindrai plus de faire des courses [campagnes de peinture de paysage] seul. Si, en compagnie on a des bons moments, il y en a aussi de bien fades, seul on s'entretient librement du sujet que l'imagination vagabonde veut bien choisir, on est de plus le maître de tous ses mouvements on peut aller, ne pas aller, vouloir ou ne pas vouloir, sans jamais avoir à consulter que soi. D'ailleurs le sujet qui m'amène me remplit assez quand je travaille, et lorsque j'ai travaillé, je ne cherche qu'à souper et un lit & je trouve tout cela» (1). Une composition presque théâtrale, à l'espace fortement délimité de part et autre (en moindre mesure par le demi-cercle de nuages sombres et le sol de terre battue), caractérise l’œuvre et attire l'attention vers le centre singulièrement vide et le point de fuite de la Dent de Jaman. Ce sommet joue ainsi un rôle non négligeable, malgré ce qu'en dit Adam Töpffer dans une lettre contemporaine à son fils: «je laisse les montagnes dominer au dessus de moi, mes jambes me le conseillent autant que mon goût, j'aime à les placer dans mes tableaux fort loin de façon qu'elles ne jouent pas un rôle principal» (2) . Moins éloignées, mais au centre de la composition, se trouvent des barques plates qui proviennent sans doute des carrières de Meillerie. La pierre calcaire qui y est extraite est la principale marchandise exportée depuis St. Gingolph et a servi à édifier la plupart des bâtiments publics des villes de Lausanne et Genève (3) . Sur la gauche, le peintre a placé une chapelle (4) dans laquelle se tient un service qui ne semble pas trop passionner le petit monde attroupé sur les marches. En face se trouvent des bâtiments qui abritent des marchands de chevaux. Une transaction vient d'y être négociée, qui paraît susciter quelques doutes chez le militaire coiffé d'un chapeau haut. Affaire conclue, qui en revanche ravit le personnage débonnaire affublé d'un curieux manteau qui nous dévisage franchement. Par son regard, il invite le spectateur à entrer dans le tableau, à l'instar de ce qu'on trouve dans certains tableaux néerlandais. Cette peinture fait partie d'un petit groupe d’œuvres qui ont été mises en vente après le décès du peintre (5) accompagnées de la note suivante: «Avis, les cinq études qui suivent étaient commandées à Monsieur Töpffer par l’Impératrice Joséphine, la mort de l’Impératrice arrêta l’artiste dans leur achèvement (les 5 tableaux ne doivent pas se séparer)». Cette dernière injonction n’a de toute évidence pas été respectée, puisque ces tableaux sont aujourd'hui dispersés dans différentes collections publiques et particulières (6). L'inachèvement de cette peinture est d'ailleurs tout relatif puisque l'oeuvre est parvenue à ce stade intéressant, en suspension entre un fini qui chez Töpffer est jamais trop poussé et l'immédiat des études prises sur le vif (7). Peut-être faut-il chercher là l'explication pour le centre un peu vide et pour ce chien du premier plan qui semble attendre quelqu'un. 1) Ce contentement est sans doute aussi dû à l'auberge Tapet mentionnée par Adam Töpffer dans ses lettres déjà en 1797 et encore un quart de siècle plus tard en 1826. « L'aubergiste qui est très décidemment ma parente, puisqu'elle est la soeur d'un de mes cousins, à bien soin de moi, et pour mes 15 batz (les caffé à part quand j'en prends), je vis aussi bien que ceux qui payent 18 batz seulement pour un repas.» (Lettre à sa femme écrite vers 1797; Bibliothèque de Genève ; Ms.suppl.1638). 2) Lettre à son fils, datable de juin 1814 (BGE; Ms.suppl.1639). 3) Voir les croquis des barques de Meillerie, par exemple l’esquisse du MAH, Collection Maillart, Inv.407 verso. 4) L’édifice à gauche semble être la Chapelle de la Sainte famille, construite en 1677 par la famille valaisanne des de Riedmatten. 5) Dans la liste d'atelier non autographe qui reprend la vente après décès en 1847, l'oeuvre figure sous le N°71 «Place au bord du lac, nombreuses figures, deux militaires examinant un cheval, barque chargée de bois. - 200 fr.» (Musée d’art et d’histoire; Genève ; archives). 6) Voir L.Boissonnas, Wolfgang-Adam Töpffer: Catalogue raisonné peintures (Sulgen 2011), les LBPN°82, 83, 85 et 86. 7) On imagine que le peintre aurait probablement rehaussé un peu la couleur par quelques glacis colorés, voire même ajouté quelques personnages et surtout la touche d'humour dont il est coutumier (p.ex. un pisseur dans un coin ou un personnage au faciès caricaturé). --- Wolfgang-Adam Töpffer (1766-1847), Der Hafen von Saint-Gingolph, Öl auf Leinwand, 54.5 x 69 cm, o. D. (vor 1814), Kunstmuseum, Sitten, Inv. BA 3318 Abgesehen von den Mücken, die ihm keine Ruhe lassen, gefällt es dem Maler sehr in diesem Hafenstädtchen, in dem er offenbar seine Unabhängigkeit findet: «Ich bin immer noch in meinem Nest in St. Gingo, meine liebe Frau, das ist ein wirklich amüsanter Ort. Zunächst hatte ich befürchtet, hier nicht bleiben zu können, ohne Langeweile zu haben, doch es trifft sich, dass ich mich sehr gut an meine Gesellschaft gewöhne, und ich habe keine Angst mehr, allein Touren zu unternehmen [um Landschaften zu malen]. Erlebt man in Gesellschaft schöne Momente – es gibt es aber auch schale –, unterhält man sich alleine frei über das Sujet, das die vagabundierende Einbildungskraft auswählt, zudem ist man Herr über alle seine Bewegungen, man kann gehen oder nicht gehen, wollen oder nicht wollen, ohne dass man je einen anderen als sich selber um Rat fragen muss. Im Übrigen füllt mich das Sujet, das mich festhält, ausreichend aus, während ich arbeite, und wenn ich gearbeitet habe, suche ich nur noch ein Abendessen und ein Bett, und all das finde ich auch.» (1) Eine fast theatralische Komposition mit einem auf beiden Seiten stark begrenzten Raum (in geringerem Mass durch den Halbkreis aus dunklen Wolken und den unbefestigten Boden) kennzeichnet dieses Werk und lenkt den Blick auf das ungewöhnlich leere Zentrum und den Fluchtpunkt der Dent de Jaman. Dieser Gipfel spielt so eine nicht unerhebliche Rolle, obwohl Adam Töpffer in einem Brief an seinen Sohn diesbezüglich schreibt (2) : «Ich lasse die Berge dominieren, die über mich hinausragen, meine Beine raten mir dazu wie mein Geschmack; in meinen Bildern setze ich sie gerne in grosse Ferne, damit sie keine Hauptrolle spielen.» Weniger weit entfernt, doch im Zentrum der Komposition befinden sich flache Boote, die wohl aus den Steinbrüchen von Meillerie kommen. Der dort gewonnene Kalkstein ist die wichtigste Ware, die von Saint-Gingolph exportiert wurde, und diente zur Errichtung der meisten öffentlichen Gebäude in Lausanne und Genf (3). Zur Linken platzierte der Maler eine Kapelle (4) ; der Gottesdienst, der hier abgehalten wird, scheint die auf den Stufen versammelten Leute nicht allzu sehr zu interessieren. Gegenüber befinden sich Bauten, die Pferdehändlern Unterkunft gewähren. Soeben wird ein Kauf abgeschlossen, den die einen Zylinder tragende Militärperson misstrauisch zu beobachten scheint. Das getätigte Geschäft erfreut dagegen die gutmütige Person, die mit einem merkwürdigen Mantel ausstaffiert ist und uns unverhohlen anstarrt. Mit ihrem Blick fordert sie den Betrachter auf, sich ins Bild zu begeben, wie dies bestimmte holländische Gemälde tun. Das Gemälde gehört zu einer kleinen Gruppe von Bildern, die nach dem Tod des Malers versteigert wurden (5), begleitet von folgender Notiz: «Bekanntmachung, die folgenden fünf Studien waren bei Herrn Töpffer von Kaiserin Joséphine in Auftrag gegeben worden, doch der Tod der Kaiserin hinderte den Künstler an der Fertigstellung (die fünf Bilder dürfen nicht getrennt werden).» Letztere Anweisung wurde offensichtlich nicht befolgt, da diese Gemälde heute auf verschiedene öffentliche und private Sammlungen verteilt sind (6). Der unvollendete Zustand des Bildes ist im Übrigen völlig relativ, da es ein interessantes Stadium zwischen einer bei Töpffer nie allzu weit vorangetriebenen Ausarbeitung und der Unmittelbarkeit der nach der Natur geschaffenen Skizzen erreicht hat (7). Vielleicht erklären sich so auch das etwas leere Zentrum und der Hund, der im Vordergrund auf jemanden zu warten scheint. 1) Diese Zufriedenheit ist zweifellos auch der Auberge Tapet zu verdanken, die Adam Töpffer bereits 1797 und erneut 25 Jahre später (1826) in seinen Briefen erwähnt. «Die Wirtin, die eindeutig mit mir verwandt ist, da sie die Schwester einer meiner Vettern ist, kümmert sich gut um mich, und für meine 15 Batzen (plus der Kaffee, wenn ich einen trinke) lebe ich ebenso gut wie jene, die 18 Batzen nur für eine Mahlzeit zahlen» (Brief an seine Frau, um 1797; Bibliothèque de Genève; Ms. Suppl. 1638). 2) Brief an seinen Sohn, datierbar auf Juni 1814 (BGE; Ms.suppl.1639). 3) Vgl. die Skizzen der Flachkähne von Meillerie, zum Beispiel die Skizze des MAH, Sammlung Maillart, Inv. 407 verso. 4) Das Gebäude zur Linken scheint die der Heiligen Familie geweihte Kapelle zu sein, die 1677 von der Walliser Familie de Riedmatten errichtet wurde. 5) In dem nicht eigenhändig geschriebenen Atelierverzeichnis, das die Auktion nach Todesfall von 1847 umfasst, figuriert das Werk unter der Nummer 71: «Platz am Seeufer, zahlreiche Figuren, zwei Militärs untersuchen ein Pferd, mit Holz beladener Kahn. - 200 Fr.» (Musée d’art et d’histoire; Genf; Archiv). 6) Vgl. Lucien Boissonnas, Wolfgang-Adam Töpffer: Catalogue raisonné peintures, Sulgen: Benteli 2011, LBP 82, 83, 85 und 86. 7) Man könnte sich vorstellen, dass der Maler die Farbe durch ein paar farbige Lasuren gehöht und vielleicht sogar ein paar weitere Figuren und vor allem seine gewohnte humoristische Note hinzugefügt hätte (zum Beispiel ein Pinkler in einer Ecke oder eine Figur mit karikiertem Gesicht).