Nicolas Kramar, :
Les effets des activités d’Homo Sapiens sur la Terre sont tels que ce dernier peut être considéré comme une force géologique ayant un fort impact environnemental et qu’une nouvelle époque géologique, appelée Anthropocène, devrait en rendre compte. Il en résulte le croisement de l’histoire humaine et de celle de la Terre et le caractère désormais hybride, naturel et culturel, de tout ce qui nous entoure. Ce point de vue diffère fondamentalement des mythes fondateurs de la modernité pouvant se résumer par la séparation exclusive de ce qui serait de nature ou de culture. L’Anthropocène signe les limites de ce paradigme et offre un nouveau point de vue pour mettre à distance les enjeux liés aux changements environnementaux globaux. Le musée de la Nature du Valais a intégré à sa collection d’objets de l’Anthropocène le trophée d’un cerf qui était mort d’épuisement après que ses bois se soient accrochés à des filets. D’abord, le découpage du territoire est une atteinte directe à la biodiversité. Ensuite, ce trophée n’est ni une œuvre d’art, ni un trophée similaire à ceux que l’on retrouve classiquement dans les collections de musée de sciences naturelles. Ni culturel, ni naturel, il est le parfait exemple d’un objet hybride caractéristique de notre passage à l’Anthropocène. Die Auswirkungen des menschlichen Handelns auf die Erde sind so bedeutend, dass Homo sapiens als eine die Umwelt verändernde, geologische Kraft angesehen werden kann. Das Zeitalter des Menschen – eine neue geologische Epoche - soll Anthropozän heissen. Sie befasst sich sowohl mit der Geschichte der Menschheit als auch mit jener der Erde, also der Schnittstelle zwischen Natur und Kultur. Im Gegensatz zur Auffassung, welche ursprünglich der Moderne zu Grunde liegt, wird im Anthropozän von der Untrennbarkeit von Natur und Kultur ausgegangen. Nur so können globale Umweltveränderungen ganzheitlich verstanden werden. Das Walliser Naturmuseum hat ein Hirschgeweih in seine Anthropozän-Sammlung aufgenommen, in welchem sich Abschrankungsnetze verheddert hatten, worauf das Tier vor Erschöpfung verendet war. Das Objekt zeigt einerseits, wie dramatisch sich die Landschaftszerschneidung auf die Biodiversität auswirken kann und verkörpert andererseits treffend das Zeitalter des Menschen. Denn es handelt sich weder um ein Kunstwerk noch um ein gewöhnliches Hirschgeweih, sondern um einen Hybriden zwischen Kultur und Natur. Réf. biblio : Descola P. Humain, trop humain ? in Beau R. et Larrère, C. Penser l’Anthropocène, Paris : Presses de Sciences Po, 2018, pp. 19-35. Kramar, N., Questionner les liens sociétés-Terre, La Lettre de l’OCIM, 2020., n° 187. Latour B. Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris : La Découverte, 1991, 157 p.