Valentine Giesser, 24.03.2022 :
Bourse-reliquaire dite d'Adalric. Sur une petite châsse creusée dans une seule pièce de bois et s’ouvrant par le dessous, des lamelles d'os sont maintenues par des clous. Ces dernières sont de deux typologies et leur agencement sur la surface en bois compose le décor du reliquaire. Les premières sont blanches avec un motif constitué d’une bande de cercles concentriques ; des traces de couleur noire sont visibles sur certaines d’entre elles. Les deuxièmes sont teintées de rouge et présentent un décor creusé de cannelures diagonales. Sur les deux faces principales, les grandes lamelles rouges verticales sont cassées dans leur partie inférieure ; à l’origine elles étaient peut-être plus longues et servaient possiblement de petits pieds. Sur l’une des faces, deux lamelles blanches longent horizontalement une plaque de plomb gravée de traits verticaux et d'un grand losange. En dessus, une lamelle blanche présente deux trous symétriques dans lesquels est visible une plaque en plomb. Sur l'autre face, quatre lamelles blanches encadrent une plaque en plomb gravée du nom ADALRICUS. Au début du XXe siècle, lorsque l’Abbé Marius Besson voit l’objet aux Archives de Valère, il indique que « les reliques manquent aujourd’hui, ainsi que la planchette qui servait à les tenir enfermées ». Ernest Alfred Stückelberg, qui visite ce lieu en 1902 avec d’autres médiévistes, y voit aussi la bourse et en publie une photographie en mentionnant également l’absence de la planchette inférieure. Avant d’être déposée en 2016 en prêt à long terme dans les collections du Musée d’histoire du Valais, la bourse-reliquaire a été conservée dans une armoire blindée dans la sacristie de la Cathédrale de Sion, dès 1947, puis présentée au Musée de l’Evêché-Trésor de la Cathédrale, ouvert en 1994. Elle se trouve donc, sans aucun doute possible, dans l’orbite du Chapitre cathédral depuis le début du XXe siècle et, selon toute vraisemblance, depuis plus longtemps encore. Le reliquaire d’Aldaric, pour des raisons de similitudes décoratives, a été rapproché - par différents chercheurs - de reliquaires et coffrets en bois et os, aux provenances et datations diverses, allant du VIe au XIe siècle. Les motifs – bande de cercles concentriques et cannelures diagonales – remontent vraisemblablement à l’époque carolingienne ; bien qu’on les trouve déjà, mais de manière très rare, avant le milieu du VIIIe siècle. Sur le territoire suisse, des fragments d’os avec un motif cannelé ont été découvert, par exemple, sur des sites archéologiques fribourgeois datant du VIIIe siècle. Cependant, le jeu de composition et d’arrangement des plaquettes en os, ainsi que l’alternance entre les couleurs rapprochent la bourse-reliquaire d’Adalric de deux reliquaires en os, datant du VIIe siècle, de provenance longobarde ou mérovingienne, conservés au Musée diocésain d’art sacré de Suse (Piémont, Italie). D’ailleurs, il faut ajouter que la première de ces deux pièces présente aussi un motif de cannelures diagonales et que la seconde a une forme similaire à la bourse sédunoise et repose sur des petits pieds, comme cela était peut-être aussi le cas pour le reliquaire d’Adalric. Les deux reliquaires de Suse sont également intéressants car ils présentent, comme l’exemplaire de Sion, des traces de métal – pas du plomb mais du métal doré ou argenté - sous les plaquettes en os percées. L’inscription sur la plaque en plomb – sans aucun doute un prénom - a longtemps été retranscrite comme AMALRICUS. Aujourd’hui, elle est lue comme ADALRICUS. Si on a proposé d’y voir la signature du propriétaire ou du donateur de l’objet, la recherche actuelle opte clairement pour la première hypothèse. L’analyse paléographique permet de dater l’inscription au VIIIe siècle, mais on ne peut pas exclure que l’inscription soit plus tardive que le reliquaire. La bourse-reliquaire d’Adalric peut donc être datée entre le VIIe et le VIIIe siècles. Qu’elle soit issue d’une production locale ou qu’elle ait été importée, les sphères d’influences semblent être mérovingiennes ou longobardes.