Golay Laurent , 2003 :
Mathieu Schiner est représenté en buste, de profil, le visage tourné vers la gauche. Coiffé du chapeau de cardinal, il tient un livre muni de fermoirs dans sa main droite. A ces attributs de son rang et de sa puissance au sein de la hiérarchie ecclésiastique s’ajoute le symbole traditionnel de son pouvoir temporel en tant que prince-évêque de Sion: l’épée. De celle-ci on ne voit que le manche, néanmoins suffisamment monumental pour que sa signification apparaisse comme le rappel explicite de ses prérogatives sur l’évêché sédunois et son administration. Dans le registre inférieur du tableau, les armes du cardinal surmontent la date 1522 et sont entourées par l’inscription «mathaeus schiner/sbe Cardinalis Eppus Sedsis/Legatus applus apud Helvetias/in belli et Concilia strenvus/ex Mulibach paroch: Aragn:/Comes et Praef:Vallesii/Imperatorum Carli V. et Max.I./Conciliar: Obut Roma in Conclavi Ano MDXXII». Parmi la demi-douzaine de portraits conservés de Schiner (né vers 1465, élu évêque de Sion en 1499, nommé cardinal en 1511, mort à Rome en 1522) peu sont des originaux. L’exemplaire du Musée cantonal d’histoire est ainsi une copie, probablement de la fin du XIXe siècle, d’un tableau que l’on prétendit avoir appartenu à Schiner lui-même, avant de faire partie des archives de la famille de Riedmatten, puis d’être vendu en 1907. La reproduction qui en est publiée cette année-là dans le Journal des Collectionneurs montre Schiner vêtu de la pourpre cardinalice, avec le livre et l’épée, le profil tourné vers la droite. Inscrit dans un ovale, le portrait surmonte un élément architectural portant une inscription (illisible) et sur lequel sont assis deux angelots tenant les armoiries du cardinal. Malgré les difficultés de lecture que pose la mauvaise reproduction de 1907, il semble tout à fait possible qu’il s’agisse là d’un portrait du XVIe siècle. De cette œuvre dont on ignore aujourd’hui la localisation, le couvent des capucins de Sion possède une autre copie, peut-être plus ancienne que celle du Musée cantonal d’histoire, et qui reprend notamment la forme ovale de l’original. Il existait (?) également un portrait, toujours en buste et de profil, de Schiner au Museo archeologico Paolo Giovio de Como, dont Paul de Chastonay a publié la reproduction en 1942. Apparemment en mauvais état de conservation, l’œuvre reprend pourtant une fois encore le motif de la main fermée sur le livre, du très long manche de l’épée «posée» devant le cardinal, et, ici, du cartouche avec l’inscription MATTHAEUS SCHINER EPS SEDUNENSIS. Dans l’impossibilité d’examiner l’œuvre ou même d’en obtenir une meilleure reproduction, il est particulièrement malaisé de situer le portrait conservé à Côme, mais Albert Büchi le plaçait parmi les copies faites par un artisan. Dans Le Musée de Portraits de Paul Jove. Contributions pour servir à l’iconographie du Moyen Age et de la Renaissance, Paris 1900, Eugène Mäntz ne signale pas le portrait de Schiner. Il mentionne pourtant le portrait peint par Raphaël, conservé au Prado, comme étant celui du Cardinal Alidosi. Actuellement, le portrait de Schiner ne se trouve pas (plus) à Côme, où le Museo Civico possède encore environ quarante des portraits (sur les quatre cents originaux) de la collections de Giovio (communication écrite de la conservatrice, Maria-Letizia Casati, 21. 05. 98, qui ignore le sort de cette œuvre). Il semblerait enfin qu’un autre original de cette série soit conservé à Rome, dans les palais du Vatican (Journal des Connaisseurs). Mentionnons enfin le portrait d’un cardinal exécuté par Raphaël vers 1511, conservé au Prado, et qui suscita pendant quelques années d’audacieuses hypothèses sur l’identité du portraituré, dans lequel certains historiens voyaient Mathieu Schiner lui-même. "Portrait de Mathieu Schiner”, in: Morand Marie Claude (dir.), Musée cantonal d'histoire Sion. Guide des collections, Sion: Editions des Musées cantonaux du Valais, 2003, pp. 214-217.